France – Médias : la grève des salariés de RFI se poursuit
Contraint par leur autorité de tutelle au mariage forcé avec chaîne d’information continue France 24, les salariés de RFI sont en grève depuis le 28 novembre. Un mouvement reconduit jusqu’à ce jeudi.
Que se passe-t-il au sein de Radio France International (RFI) ? Alors que Kinshasa est en ébullition après les élections législatives et présidentielle, que les islamistes accèdent au pouvoir au Maroc et que l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a été transféré à La Haye pour être jugé par la Cour pénale internationale (CPI), la radio française reste muette, à l’exception de quelques flashs d’information.
La faute à une grève entamée le 28 novembre par l’ensemble des syndicats de la maison. Au grand dam de ses dizaines de millions d’auditeurs sur le continent, pour qui RFI est un véritable service public « africain ». En cause, la volonté du holding de l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF), dont dépend RFI mais aussi Monte Carlo Doualiya (MCD), de fusionner les deux radios et la chaîne TV d’information continue France 24. « Ce mouvement répond à l’entêtement de la direction, bien décidée à passer en force, s’inquiète Marc Thiébaut, représentant syndical CFDT. Au départ, nous n’étions pas opposés à ce projet car des synergies sont possibles, mais personne ne parle de la gestion du contenu. Les seules logiques qui vaillent semblent être juridique et financière. »
Cure d’austérité
Si la nouvelle organisation déclenche l’ire des salariés de RFI, c’est avant tout parce qu’ils redoutent de voir leurs conditions de travail se dégrader. Incapable de respecter les plans d’affaires qu’il se fixe – l’inspection générale des finances pointe encore une zone d’incertitude de 30 millions d’euros pour la période 2011-2013 -, l’AEF s’apprête en outre à subir une importante cure d’austérité. Qui dit fusion, dira nouveau plan de départs pour une centaine de salariés, le second après 2009 pour les équipes de RFI, mais aussi une évolution profonde des métiers, notamment pour les journalistes appelés à travailler en plus de la radio, pour la télévision et Internet. Pis, les syndicats s’inquiètent d’un risque de siphonage des subventions de l’AEF par France 24, dont le créateur Alain Pouzhilac est aujourd’hui patron du holding public. Face à cette situation, les contestataires n’abdiquent pas et cherchent maintenant du soutien auprès d’Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères.
Du côté de la direction, le message se veut pourtant rassurant. « Aucun risque ne pèse sur le développement de RFI », pas plus que sur son « indépendance éditoriale », assure Geneviève Goëtzinger, directrice déléguée de la radio. Le projet présenté cette semaine aux instances consultatives de RFI, doit maintenant être validé début décembre par les conseils d’administration de RFI et France 24, avant le vote de l’assemblée des actionnaires de l’AEF le 17 janvier. La veille, la justice aura rendu une ultime décision suite aux actions intentées par les syndicats pour contrer le projet. Mais de l’aveu même de certaines sources internes, un retour en arrière serait très surprenant.
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