Libye : « inoffensif », Seif el-Islam restera à Zenten jusqu’à son procès

 Encore redouté il y a quelques mois, Seif el-Islam Kadhafi est aujourd’hui considéré comme « inoffensif » et pourra rester prisonnier dans l’ouest libyen jusqu’à son procès.

Seif al-Islam Kaddafi en entrevue avec Euronews. © AFP/Euronews

Seif al-Islam Kaddafi en entrevue avec Euronews. © AFP/Euronews

Publié le 30 novembre 2011 Lecture : 3 minutes.

« Pour Zenten (dans l’ouest de la Libye), il n’est qu’un criminel inoffensif. Il ne présente pas de danger et nous n’avons pas de problème à le garder jusqu’à son procès si c’est mieux pour la Libye », a ainsi déclaré Ibrahim Turki, responsable local des affaires sanitaires du Conseil national de transition (CNT).

Capturé le 19 novembre par des combattants de cette ville des montagnes berbères située à 170 kilomètres au sud-ouest de Tripoli, Seif el-Islam était en fuite depuis trois mois. Arrêté vivant le 20 octobre près de la ville de Syrte, son père, Mouamar Kadhafi, a quant à lui été tué dans des circonstances obscures qui ont suscité des protestations internationales. Les nouveaux dirigeants libyens ont ordonné une enquête.

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Pour éviter qu’il ne subisse le même sort, celui qui a longtemps été présenté comme le futur dirigeant de la Libye, est régulièrement déplacé d’un endroit à l’autre de la ville, en secret. « Nous avions peur qu’il ne soit traité comme son père. Mais il est maintenant détenu dans des conditions sûres et ne pose pas de danger pour la Libye ou Zenten », assure Chaabane al-Waër, 48 ans, un habitant de la ville. « Il pourrait rester ici, même un an, sans problème ».

Pas de transfert vers Tripoli

De fait, rien ne justifie pour le moment un transfert vers la capitale Tripoli. « Il se trouve dans un endroit sûr », explique le vice-Premier ministre Moustapha Bou Chagour. « Il est traité conformément aux critères internationaux et continue de l’être, et pas comme lui-même avait traité nos prisonniers ».

Mais d’après le médecin qui l’a rencontré une semaine après son arrestation, les blessures de Seif pourraient dégénérer en gangrène s’il ne bénéficiait pas d’un nouveau pansement, voire d’une amputation partielle.

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Dans les jours suivant sa capture, des rumeurs avaient circulé sur le refus des membres du Conseil militaire de Zenten de le remettre aux autorités, tant que le commandant de la brigade qui l’avait arrêté, Oussama Jouili, n’était pas nommé ministre de la Défense. Le 22 novembre, c’était chose faite.

Un défi pour la justice libyenne

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Le procès de Seif al-Islam constitue indéniablement un défi pour les nouveaux dirigeants libyens. Le fils de Kadhafi est l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’Humanité commis durant la révolution libyenne. Mais Luis Moreno-Ocampo, a indiqué que la tenue d’un tel procès en Libye était une « possibilité. » Si la Libye souhaite juger elle-même le fils de l’ancien dictateur, elle devra cependant soumettre une demande en ce sens à la CPI, et convaincre les juges qu’elle en a la volonté et est en mesure de le faire, a précisé le procureur de la CPI.

D’après le vice-Premier ministre, Moustapha Bou Chagour, Seif al-Islam devrait avoir un procès « équitable », qui « se déroulera au moment opportun. » Une conviction partagée par les habitants de Zenten, qui voit en un tel procès l’opportunité de redorer la réputation de la Libye après la mort du « roi des rois d’Afrique. »

« Il a droit a un procès équitable, et il en aura un, j’en suis certain », affirme ainsi Salam Ali Ahmed, un épicier dont le magasin, sur la place centrale, fait face aux portraits d’habitants de Zenten, tués par les pro-Kadhafi durant la révolution.

Pour Chaabane al-Waër, Seif al-Islam doit même être considéré comme innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit vérifiée. « Seul un procès juste peut prouver ce qu’il a fait. Nous devons prouver qu’il a ordonné le meurtre des Libyens pendant la révolte et qu’il a utilisé de l’argent libyen pour le faire. Peut-être qu’il n’est pas coupable de cela. »

(Avec AFP)

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