Côte d’Ivoire : trois journalistes pro-Gbagbo inculpés pour « incitation au vol et aux pillages »
Détenus depuis cinq jours à Abidjan, trois journalistes pro-Gbagbo du quotidien « Notre Voie » ont été inculpés pour « incitation au vol, aux pillages et destruction de biens d’autrui par voie de presse ». Une affaire qui intervient au moment même où le transfèrement à La Haye de Laurent Gbagbo, formellement inculpé par la CPI, n’a jamais paru aussi imminent.
Mardi, en fin de matinée, César Etou, Boga Sivori et Didier Dépri, les trois journalistes du quotiden Notre Voie proche de l’ancien président Laurent Gbagbo, arrêtés le 24 novembre à Abidjan, ont été transférés au palais de justice d’Abidjan-Plateau. Selon des sources judiciaires, le substitut du procureur Noel Djé les a auditionné avant de les inculper pour « incitation au vol, pillages et destructions de biens d’autrui par voie de presse ».
Réaction de l’UNJCI
Dans un communiqué publié mardi après-midi, le Conseil exécutif de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) « considère cette arrestation comme une atteinte et une violation de la liberté de la presse et élève par conséquent une vive protestation contre cette arrestation » dont elle estime qu’elle « porte une atteinte grave à l’image de la Côte d’Ivoire démocratique ». L’Unjci demande par conséquent « la libération des trois journalistes et leur apporte son soutien, tout comme aux journalistes de la radiodiffusion télévision ivoirienne qui ont été mis en chômage technique récemment.
Un volte face de la justice ivoirienne alors que le procureur de la République Simplice Koffi Kouadio avait annoncé le 25 novembre que les faits « d’offense au Chef de l’État » et d’« atteinte à l’économie nationale » avaient été requalifiés en délit de presse. « Un journaliste incarcéré depuis quatre mois, trois autres désormais inculpés et prêts à être envoyés à la Maca… Les nouvelles autorités, fidèles à Alassane Ouattara, cherchent-elles à s’assurer de faire pire que les précédentes ? s’exclame Ambroise Pierre, chef du bureau Afrique de Reporters Sans Frontières (RSF). Qui ajoute : « L’empressement à sanctionner la presse d’opposition révèle au mieux une volonté de la faire taire, au pire un véritable souci de règlements de compte. Écrire sur le parc automobile du gouvernement est-il vraiment une incitation au pillage ? »
Les journalistes devraient passer ce soir leur première nuit à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). « Ils seront jugés en flagrant délit. Leur procès est prévu avant la fin de la semaine », assure t-on du côté du tribunal de première instance d’Abidjan.
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