Côte d’Ivoire : trois journalistes pro-Gbagbo inculpés pour « incitation au vol et aux pillages »

Détenus depuis cinq jours à Abidjan, trois journalistes pro-Gbagbo du quotidien « Notre Voie » ont été inculpés pour « incitation au vol, aux pillages et destruction de biens d’autrui par voie de presse ». Une affaire qui intervient au moment même où le transfèrement à La Haye de Laurent Gbagbo, formellement inculpé par la CPI, n’a jamais paru aussi imminent.

Le transfert de Gbagbo à La Haye a-t-il un rapport avec l’inculpation de journalistes pro-FPI ? © Luc Gnago/Reuters

Le transfert de Gbagbo à La Haye a-t-il un rapport avec l’inculpation de journalistes pro-FPI ? © Luc Gnago/Reuters

Publié le 29 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Mardi, en fin de matinée, César Etou, Boga Sivori et Didier Dépri, les trois journalistes du quotiden Notre Voie proche de l’ancien président Laurent Gbagbo, arrêtés le 24 novembre à Abidjan, ont été transférés au palais de justice d’Abidjan-Plateau. Selon des sources judiciaires, le substitut du procureur Noel Djé les a auditionné avant de les inculper pour « incitation au vol, pillages et destructions de biens d’autrui par voie de presse ».

Réaction de l’UNJCI

Dans un communiqué publié mardi après-midi, le Conseil exécutif de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) « considère cette arrestation comme une atteinte et une violation de la liberté de la presse et élève par conséquent une vive protestation contre cette arrestation » dont elle estime qu’elle « porte une atteinte grave à l’image de la Côte d’Ivoire démocratique ». L’Unjci demande par conséquent « la libération des trois journalistes et leur apporte son soutien, tout comme aux journalistes de la radiodiffusion télévision ivoirienne qui ont été mis en chômage technique récemment.

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Un volte face de la justice ivoirienne alors que le procureur de la République Simplice Koffi Kouadio avait annoncé le 25 novembre que les faits « d’offense au Chef de l’État » et d’« atteinte à l’économie nationale » avaient été requalifiés en délit de presse. « Un journaliste incarcéré depuis quatre mois, trois autres désormais inculpés et prêts à être envoyés à la Maca… Les nouvelles autorités, fidèles à Alassane Ouattara, cherchent-elles à s’assurer de faire pire que les précédentes ? s’exclame Ambroise Pierre, chef du bureau Afrique de Reporters Sans Frontières (RSF). Qui ajoute : « L’empressement à sanctionner la presse d’opposition révèle au mieux une volonté de la faire taire, au pire un véritable souci de règlements de compte. Écrire sur le parc automobile du gouvernement est-il vraiment une incitation au pillage ?  »

Les journalistes devraient passer ce soir leur première nuit à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). « Ils seront jugés en flagrant délit. Leur procès est prévu avant la fin de la semaine », assure t-on du côté du tribunal de première instance d’Abidjan.

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