Côte d’Ivoire : l’avocat des journalistes pro-Gbagbo détenus dénonce une « détention illégale »

Les trois journalistes de « Notre Voie », le journal du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, ont passé le week-end dans les geôles de la Direction de la police criminelle (DPC) du Plateau (Abidjan). Leur avocat, Me Serge Essouo, dénonce une « détention illégale ».

Des journaux ivoiriens, à Abidjan en 2015. © D.R.

Des journaux ivoiriens, à Abidjan en 2015. © D.R.

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Publié le 28 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Les trois journalistes pro-FPI de Notre Voie avaient été convoqués à la DPC le jeudi dernier pour être entendus dans le cadre de deux affaires. La première est relative à une information sur une quarantaine de Mercedes qu’aurait acquise la Présidence ivoirienne « alors que les Ivoiriens meurent de faim », selon le journal. Le procureur de la République de Côte d’Ivoire, près le tribunal de première instance du Plateau, Simplice Kouadio qui poursuit ces confrères, a estimé que l’article constituait une « offense au chef de l’État ».

Quant au deuxième article, publié en début de semaine dernière, comme le premier, il reprenait des rumeurs sur la dévaluation du F CFA. Le procureur avait estimé que l’article portait « atteinte à l’économie nationale ». Vendredi dernier, le procureur Simplice Kouadio avait confié à jeuneafrique.com qu’il avait ordonné la libération des trois journalistes, mais que la procédure se poursuivait. La loi de 2004 sur le régime juridique de la presse, protège les journalistes contre l’emprisonnement. Et la promesse du magistrat n’a pas été suivie dans les faits.

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Me Serge Essouo, joint au téléphone à Abidjan, estime que la détention de ses clients viole la loi de la presse, mais qu’en plus, « elle est illégale du point de vue du délai de la garde à vue, qui ne saurait excéder 48 heures ; mes clients ont passé leur quatrième nuit en garde à vue ».

Liberté de la presse bafouée

Samedi, le parti de Laurent Gbagbo est monté au créneau pour rappeler que « la loi interdit aux tenants du pouvoir l’incarcération des hommes et femmes des médias pour "délit de presse" » et exiger la libération des journalistes. Le communiqué signé de Laurent Akoun, secrétaire général par intérim du FPI, dénonce « une série de mesures attentatoires à la liberté de la presse (et qui) commandent que la communauté nationale s’inquiète de la dérive totalitaire en gestation ».

Reporters sans frontières (RSF) avait, quelques heures après l’arrestation des journalistes, demandé « la libération immédiate des reporters conformément à la loi ivoirienne » tandis que l’Opération des Nations-unies en Côte d’Ivoire (Onuci) lançait « un appel aux autorités ivoiriennes, aux organes de régulation et aux professionnels des médias pour qu’ils fassent preuve de sagesse ».

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"Leçon de responsabilité"

Le ministère de l’Intérieur dirigé par Hamed Bakayoko, un proche du chef de l’État et ancien patron de presse, est soupçonné de manœuvrer pour maintenir les journalistes en détention. Dans des milieux du Rassemblement des républicains (RDR, parti d’Alassane Ouattara), l’on soutient qu’il faut « donner une petite leçon de responsabilité » aux journalistes pro-Gbagbo, dont certains écrits, comme de nombreux écrits des journaux d’opinion ivoiriens, ne sont pas toujours conformes aux règles d’éthique.

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Le chef de l’État Alassane Ouattara, de retour d’une visite en Bruxelles, s’est exprimé sur cette affaire. « Je considère que nous sommes dans un État de droit, a-t-il expliqué. Il y a des choses qui sont faites dans ce cadre. Je voulais en appeler à nouveau à la responsabilité des journalistes. Je pense que les journalistes peuvent avoir leur opinion, mais il faut relater les faits. Les mensonges qui ont conduit à cette crise sont véritablement inacceptables. Mais la justice fait son travail ».

De source proche du dossier, les confrères devaient être déférés devant le parquet ce lundi. Mais leur libération est désormais devenue une affaire politico-judiciaire.

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