Radhouane el-Meddeb : chorégraphie, couscous et révolution tunisienne

En novembre, le chorégraphe tunisien Radhouane el-Meddeb est le grand invité de l’espace de La Ferme du Buisson, à Marne-la-Vallée, près de Paris. Le lieu lui a laissé carte blanche pour organiser samedi 26 novembre la traditionnelle « Nuit Curieuse Leyla Tounsia ! », une soirée de rencontres artistiques autour de la société contemporaine tunisienne, en plein Printemps arabe. L’occasion pour lui de revenir sur une de ses créations les plus originales : « Je danse et je vous en donne à bouffer », un spectacle plein de saveurs, entre danse et cuisine.

Radhouane el-Meddeb danse en préparant un couscous puis le partage avec le public. © D.R.

Radhouane el-Meddeb danse en préparant un couscous puis le partage avec le public. © D.R.

Publié le 26 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Le concept est simple mais savoureux : danser en cuisinant. Ou cuisiner en dansant. Le spectacle, créé en 2008 pour « Sonorités et corps d’Afrique », le festival initié par le chorégraphe burkinabè Salia Sanou, a depuis fait le tour du monde, recevant partout un accueil chaleureux. Présenté en préambule à « la Nuit Curieuse Leyla Tounsia ! », le spectacle Je danse et je vous en donne à bouffer est la simple histoire d’un partage. Le partage d’un couscous, préparé sur scène par Raddhouane el-Meddeb, et le partage d’une danse au rythme de la musique tunisienne traditionnelle.

Car Je danse… est un spectacle avant tout intimiste et généreux. Il n’y a pas de « rapport de supériorité » du danseur sur le spectateur. Les deux se retrouvent dans un rapport frontal (il n’y a pas non plus de scène à proprement parler) qui laisse la part belle à l’odorat, invité inattendu de la chorégraphie.

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Les odeurs sont entêtantes, l’appétit grandit, les pieds marquent nerveusement le rythme : le couscous est presque cuit. Radhouane lance les assiettes, distribue les couverts à la hâte, s’arrête le temps de respirer, pour mieux disparaître et nous laisser le temps de savourer.

Liberté et création

Ce n’est pas un hasard si la Ferme du Buisson, un centre qui s’applique à soutenir la création contemporaine internationale, a laissé carte blanche à Radhouane el-Meddeb pour la programmation de « la Nuit Curieuse Leyla Tounsia ! » samedi 26 novembre à Marne-le-Vallée. Le projet, interdisciplinaire, célèbre la culture tunisienne au sens large, entre tradition et modernité.

Ateliers et spectacles de danse, expositions photographiques, performances d’artistes en tout genre se donnent rendez-vous pour rendre hommage à la révolution tunisienne. Par cet événement, le chorégraphe voulait réunir ceux qui ont toujours travaillé dans un contexte politique dictatorial, et qui, aujourd’hui, participent à la reconstruction de leur pays.

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Mais, si Radhouane el-Meddeb est fier de fêter cette liberté toute nouvelle, son regard s’assombrit quand on en lui parle de la victoire d’Ennahdha à l’Assemblée Constituante (89 sièges sur 217) ou de la récente élection de Ben Jaafar à sa présidence. « J’ai très peur pour les acquis tunisiens », confie-t-il. « Tout ce qui a fait de notre pays, un pays indépendant et libre et en avance par rapport aux autres pays arabes, tout ça va se perdre », poursuit-il. Pour lui, l’élection du mouvement islamiste à la Constituante ne résulte que d’un vote de mécontentement de la part du peuple tunisien : « les Tunisiens ne s’aiment plus, ne se reconnaissent plus : il y a un grand décalage entre la capitale et la province, et ce vote démontre cela. Ennahdha a su aller chercher des voix chez les gens misérables », affirme-t-il.

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La Nuit Curieuse Leyla Tounsia, samedi 26 novembre à La Ferme du Buisson, Marne-la-Vallée.

Pour plus d’information, retrouvez le site de l’évènement ici.

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