Législatives marocaines : des élections à deux inconnues
Quelque 13 millions de Marocains sont appelés aux urnes ce vendredi 25 novembre 2011 pour élire leurs représentants. Parmi les principaux enjeux de ces législatives anticipées, le score des différents partis en lice, bien-sûr, et notamment celui du Parti Justice et développement (PJD), mais aussi le taux de participation qui apportera ou non de la légitimité à la récente réforme constitutionnelle.
Maroc : législatives anticipées 2011
Alors que les Marocains se rendent aux urnes ce vendredi 25 novembre 2011 pour des élections législatives anticipées, deux inconnues subsistent : le taux de participation, notamment celui des jeunes marocains, et le score des islamistes. De fait, jamais des législatives n’auront paru aussi imprévisibles au Maroc. Le nombre de sièges octroyés aux différentes factions politiques à l’issue du scrutin est l’un des grands enjeux : les partis politiques marocains devront vraisemblablement se livrer à des comptes d’apothicaire pour déterminer une majorité et s’entendre sur le nom du futur chef du gouvernement. Surtout, la victoire du Parti Justice et Développement (PJD) créérait inévitablement une crise politique majeure.
« Le PJD peut prétendre à être le premier. Mais même s’il dirige le gouvernement, l’exécutif se fera autour d’une coalition », analyse Omar Bendourou, professeur de droit constitutionnel à la faculté de Rabat. Le parti islamiste est déjà aujourd’hui le premier parti d’opposition avec 47 députés sur les 395 représentants du Parlement. S’il table sur un « effet Ennahdha », vainqueur des élections du 23 octobre en Tunisie, le PJD devra tout de même compter avec d’autres forces politiques puissantes.
Istiqlal et RNI contre PJD
L’Istiqlal (Indépendance) du Premier ministre Abbas El Fassi, qui compte aujourd’hui 52 députés au Parlement, et le RNI (Rassemblement national des indépendants, libéral) du ministre de l’Économie et des Finances, Salaheddine Mezouar – deux des formations de la coalition gouvernementale -, pourraient être des adversaires de taille pour le PJD.
« Le jeu n’a jamais été aussi ouvert (…) et le parti le plus puissant ne dépassera sans doute pas les 16 à 18% » des votes, estime Khalid Naciri, ministre de la Communication et membre du petit Parti du progrès et du socialisme (PPS). Quant au risque de voir basculer le Maroc dans l’islamisme, la réponse de l’homme politique est clair : « Non. Le Maroc n’est pas la Tunisie. Il n’y a pas de danger islamiste. La Tunisie vient de découvrir le pluralisme politique », qui existe déjà au Maroc.
Faible mobilisation
S’il obtenait la majorité des sièges, le PJD pourrait en tout cas prétendre à l’exercice du pouvoir, puisqu’une récente modification de la Constitution veut que le Premier ministre soit désormais choisi par le roi Mohammed VI au sein du parti arrivé en tête.
La seconde question qui taraude les observateurs est aussi celle du taux de participation au scrutin, dans un pays plutôt habitué à une faible mobilisation des citoyens (en 2007, seuls 37% des inscrits avaient voté). Ce vendredi, quelques 13 millions de Marocains sont appelés à s’exprimer par les urnes. « Pour le pouvoir, une participation forte doit permettre de crédibiliser les réformes constitutionnelles » et donner au royaume « une crédibilité, une image favorable à l’étranger », estime Omar Bendourou.
Reste à savoir combien de citoyens répondront à l’appel au boycott des élections lancées par certaines mouvances de la société civile, et notamment le Mouvement du 20 février, qui rejette la réforme constitutionnelle initiée par le roi et massivement approuvée par référendum le 1er juillet dernier.
Plus de cent activistes interpellés
Un activisme qui n’est pas pour plaire aux autorités marocaines. « Depuis le 20 octobre, la police marocaine a interpellé plus de cent Marocains à travers le pays et les a interrogés sur les distributions de tracts appelant au boycott », a dénoncé Human Rights Watch, qui a par ailleurs demandé jeudi aux autorités marocaines de cesser de harceler ceux qui appellent à l’abstention, en soulignant que celle-ci est « un droit ».
Le Mouvement du 20 février, qui regroupe des islamistes, des militants de gauche et des jeunes, réclame une monarchie parlementaire, à l’image de l’Espagne, la fin des inégalités sociales et de la corruption qui gangrène selon lui ce pays de 35 millions d’habitants. Pour les militants, la réforme de la Constitution, qui prévoit un renforcement des pouvoirs du parlement et du Premier ministre, ne va pas assez loin sur le chemin de la démocratie, puisque le souverain conserve des prérogatives très importantes dans plusieurs domaines.
(Avec AFP)
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