Cameroun – Football : les 12 travaux de Denis Lavagne
Nommé sélectionneur des Lions indomptables du Cameroun en octobre dernier, Denis Lavagne a pour mission de qualifier le pays pour la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2013, avec en perspective le Mondial 2014. Des objectifs que l’ancien entraîneur du Coton Sport de Garoua ne pourra atteindre qu’en remettant sur pied une équipe en chantier. Passage en revue des points forts de son projet.
1 – Valoriser des joueurs locaux
Dès sa nomination, Denis Lavagne a inclu trois footballeurs amateurs à sa formation pour le tournoi Lg Cuo à Marrakech. Si le geste peut paraître fort, des acteurs du football camerounais craignent cependant que le nouveau coach des Lions indomptables du Cameroun accorde des privilèges aux joueurs de Coton Sport. « Il y a un proverbe français qui dit que les fils de cordonniers sont les moins bien chaussés. Alors peut-être que pour les joueurs de Coton Sport, il faudra être plus performant que les autres », tempère le nouveau sélectionneur.
2 – Instaurer la discipline
Des cas d’indiscipline ont été relevés ces dernières années au sein de la sélection camerounaise. Et même l’instauration d’un code de discipline au lendemain du fiasco de la Coupe du monde 2010 n’a pas suffi à tempérer les humeurs et comportements de certains joueurs. « J’attends de voir comment vit et fonctionne le groupe pour tirer les leçons et réagir en conséquences », annonce Denis Lavagne.
3 – Mettre un terme à la rivalité Eto’o – Song
Les problèmes entre certains joueurs ont miné l’esprit de la sélection, à l’instar de la rivalité entre Alexandre Song et Samuel Eto’o, révélée au grand jour lors du stage préparatoire au match Cameroun – Sénégal, comptant pour les éliminatoires de la Can 2012. Sur le terrain, Alexandre Song avait refusé de saluer Samuel Eto’o. Un affront qui a valu aux deux joueurs une convocation au Conseil de discipline de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). Aujourd’hui Lavagne plaide clairement pour Eto’o : « On parle beaucoup de Samuel Eto’o mais je ne pense pas à priori que Samuel Eto’o qui a évolué dans autant de grands clubs et qui a obtenu tous les résultats sportifs qui sont les siens, puisse avoir de mauvais rapports avec la discipline.»
4 – Clore le débat sur la position d’Eto’o
Le positionnement de Samuel Eto’o au sein des Lions a toujours fait débat, et le reproche d’être plus efficace en club qu’en sélection lui est souvent adressé. Pourtant l’attaquant rappelle : « c’est en jouant sur le côté que j’ai remporté les deux Ligues des champions avec le FC Barcelone. » Ici aussi, Lavagne n’accable pas le joueur : « Je pense que le rôle d’attaquant de pointe l’amène à appeler les ballons sur tout le front de l’attaque. Maintenant, il faut savoir que les performances d’un attaquant dépendent aussi de la qualité des ballons qu’il reçoit du milieu de terrain ».
5 – Redonner un esprit conquérant à l’équipe
Après les échecs au Mondial et à la Can 2010, puis l’absence à la Can 2012 et , les fans souhaitent désormais plus que jamais voire les Lions redevenir conquérants. Et pour l’entraîneur adjoint, Martin Ndtoungou Mpilé, Lavagne est l’homme de la situation : « Nous sommes en pleine reconstruction et l’essentiel c’est de trouver l’homme idéal qui doit permettre de poursuivre la reconstruction de notre équipe nationale. Je crois que Lavagne est tout à fait capable de faire le travail ».
6 – Trouver le successeur de Gérémi Njitap
Depuis la retraite internationale de Gérémi Njitap, le Cameroun n’a toujours pas trouvé son remplaçant au poste de latéral droit. Mais le sélectionneur admet avoir sa « petite idée là-dessus.». Le latéral droit Allan Roméo Nyom de Grenade en Espagne, appelé pour la première fois avec les Lions par Lavagne, est un candidat au poste. Benoît Anbgwa et Jean-Patrick Abouna Ndzana sont également de bons prétendants.
7 – Produire du beau jeu
« Il faut redonner ses repères à notre équipe, en utilisant ceux qui ont joué souvent ensemble», pense Michel Kaham, ancien entraîneur adjoint des Lions indomptables. Surtout que depuis la victoire du Cameroun lors des Can 2000 et 2002, avec un système de jeu en 3-5-2, les Lions n’ont plus gagné de trophées. Et pour pouvoir retrouver ses années gloires, « il y a beaucoup de travail dans la direction technique, parce qu’il s’agit là de réorganiser le football dans son ensemble », confie le directeur technique national, Jean Manga Onguéné.
8 – S’imposer devant les joueurs
Au sujet de l’ambiance dans la tanière des Lions, le ministre camerounais des Sports et de l’Éducation physique, Michel Zoah, avait évoqué la présence d’« égos surdimensionnés », pendant le Mondial 2010. Des propos confirmés par l’ancien entraîneur adjoint des Lions, Yves Colleu, qui avait déclaré : « nous avons en main les 23 meilleurs joueurs du pays, avec les égos les plus forts. » Face à ce constat, Lavagne reste serein : « ce sont des rumeurs, j’attends de me faire ma propre idée là-dessus. »
9 – Travailler en synergie avec la Direction technique nationale (DTN)
L’ancien sélectionneur, Javier Clemente, a eu des différends avec la DTN. Or pour le directeur technique national, Jean Manga Onguéné, les rôles du sélectionneur et de la DTN, sont bien distincts. « Le directeur technique s’occupe de la politique technique nationale et de l’organisation du football sur le plan national. Il est l’employé, le manœuvre de l’entraîneur national ; parce qu’il prépare la base qu’il envoie en équipe nationale », explique-t-il. C’est dans cette perspective que la structure annonce entammer sa collaboration avec Denis Lavagne. Objectif : repérer des jeunes footballeurs camerounais évoluant à l’étranger.
10 – Trouver un meneur de jeu
Depuis le départ d’Achille Emana, qui n’est plus appelé depuis le Mondial, il n’y a pas de milieux offensifs, alors que les milieux défensifs sont légion. Une situation qui amène les Lions indomptables à évoluer sans meneur de jeu. Cependant le nouveau sélectionneur garde espoir : « Moi je pense qu’il y a une jeune génération qui peut apporter une touche technique et un peu plus de vivacité dans le jeu offensif ». Ce dernier a pourtant appelé 7 milieux défensifs pour son premier stage avec les Lions indomptables.
11 – Reconstruire l’attaque
En dehors de Samuel Eto’o, 30 ans et joueur de l’équipe nationale du Cameroun depuis 1997, les autres attaquants de l’actuel cuvée n’ont pas plus d’un an chez les Lions. Cependant Eric Maxim Choupo-Moting (22 ans) et Vincent Aboubakar (19 ans), sont de grands espoirs. « Ce sont des futurs grands », ne cesse de dire Eto’o. « Jouer pour mon pays est un rêve qui se réalise », ajoute Aboubakar, qui pourrait constituer avec Choupo-Moting, la paire d’attaque camerounaise dans les années à venir.
12 – Arrêter la fuite des jeunes talents
Des footballeurs d’origine camerounaise, comme Jean Alain Boumsong (France) jouent pour des pays étrangers. Pour arrêter la fuite des jeunes talents camerounais, la DTN sollicite le concours du nouveau sélectionneur. « Il s’agit de nourrir le vivier de joueurs susceptibles de prêter main forte à la sélection nationale en essayant de découvrir de nouveaux talents, que ce soit au pays ou au niveau des centres de formation en Europe où il y a beaucoup de jeunes Camerounais. Nous allons donc établir prochainement avec la DTN une liste de joueurs sélectionnables », annonce Denis Lavagne.
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Par Jacques Éric Andjick, à Yaoundé
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