Égypte : présidentielle avant juin 2012, les manifestants maintiennent la pression

Après quatre jours d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre qui ont provoqué la mort de 36 personnes, le maréchal Hussein Tantaoui s’est adressé à la nation égyptienne, mardi 22 novembre. Il a promis l’organisation d’une élection présidentielle d’ici à juin 2012 et la formation d’un gouvernement de salut national. Un compromis avec certains partis, dont celui des Frères musulmans, qui n’est pas parvenu à calmer les manifestants.

Heurts entre manifestants et police, place Tahrir, le 22 novembre 2011 au Caire. © AFP

Heurts entre manifestants et police, place Tahrir, le 22 novembre 2011 au Caire. © AFP

Publié le 23 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Après quatre jours d’affrontements qui ont provoqué la mort de 36 personnes, le pouvoir militaire égyptien a fait un pas vers les manifestants, mardi 22 novembre. En concertation avec cinq partis politiques, et notamment les Frères musulmans, le Conseil suprême des forces armées a proposé d’avancer la date de l’élection présidentielle. S’adressant au peuple égyptien à la télévision, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, qui dirige le CSFA, a fait état de l’accord auquel il était parvenu : la présidentielle doit avoir lieu avant la fin juin 2012, a-t-il annoncé.

Jusqu’à présent, aucune date précise n’avait été fixée pour ce scrutin, qui devait se dérouler entre fin 2012 et début 2013. En revanche, le maréchal Tantaoui a réaffirmé que la date des élections législatives, prévues lundi prochain, ne serait pas repoussée – ce qui n’est pas pour déplaire aux Frères musulmans, considérés comme les grands favoris du scrutin.

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El-Baradei pressenti ?

Autre déclaration censée calmer les esprits, le CSFA a annoncé avoir accepté la démission du gouvernement Charaf qui avait exprimé son souhait de rendre le pouvoir lundi soir, après trois jours de manifestations sanglantes. À la place sera mis en place un « gouvernement de salut national (…) dans les jours qui viennent », selon les dires de responsables politiques ayant participé aux négociations. Aucun nom n’a été cité par le maréchal Tantaoui dans son allocution, ce qui n’est pas pour rassurer les manifestants. Mais d’après une source militaire, l’ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed el-Baradei, aurait été pressenti lors de la réunion pour prendre la tête du gouvernement.

Depuis samedi, les manifestants affrontent les forces de l’ordre sur la célèbre place Al-Tahrir, afin de contraindre l’armée à rendre le pouvoir aux civils, neuf mois après la révolte populaire qui a mené à la chute d’Hosni Moubarak. Une manifestation a encore réuni mardi des milliers de personnes qui appelaient le maréchal Tantaoui à quitter le pouvoir, et l’armée à rentrer dans ses casernes. « Dégage ! » criaient les contestataires. Mohamed el-Baradei a dénoncé un « massacre » sur la place, et accusé les forces de l’ordre d’utiliser « du gaz lacrymogène contenant des agents innervants ».

Les manifestations font tâche d’huile

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Des affrontements ont également éclaté dans les villes d’Alexandrie et Port-Saïd (nord), Suez, Qena (centre), Assiout et Aswane (sud) mardi ainsi que dans la province de Daqahliya, dans le delta du Nil. Hussein Tantaoui a répondu en affirmant que l’armée était « prête à remettre les responsabilités immédiatement, si le peuple le souhaite, à travers un référendum populaire ». « L’armée ne veut pas le pouvoir », a-t-il encore assuré.

Sur la place Al-Tarhir, les manifestants grondaient toujours mercredi matin. Ni le discours du maréchal ni les mesures annoncées ne sont pas parvenus à restaurer la confiance dans le pouvoir. « Nous ne pouvons pas croire ce qu’il dit. La balle était dans le camp du conseil militaire pendant des mois et ils n’ont rien fait », fustige par exemple Ibtissam al-Hamalawy, un manifestant.

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(Avec AFP)
 

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