« Biens mal acquis » : Bongo, Sarkozy, les mallettes et la présidentielle de 2007

Certains y verront un effet boomerang après les accusations de Robert Bourgi contre Jacques Chirac et Dominique de Villepin. C’est au tour d’un proche conseiller de feu Omar Bongo, Mike Jocktane, d’accuser Nicolas Sarkozy d’avoir bénéficié des mallettes et des fonds occultes de la Françafrique. Le tout à paraître dans un livre dont la sortie est prévue jeudi 24 novembre : « Le scandale des biens mal acquis ».

Nicolas Sarkozy et Omar Bongo le 27 juillet 2007 à Libreville. © AFP

Nicolas Sarkozy et Omar Bongo le 27 juillet 2007 à Libreville. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 22 novembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Scandale après scandale, le crépuscule de la Françafrique semble interminable. À peine l’enquête préliminaire du parquet de Paris sur les accusations de Robert Bourgi est-elle classée qu’une autre affaire médiatico-politique éclabousse les hommes politiques français.

Dans Le scandale des biens mal acquis des journalistes Xavier Harel et Thomas Hofnung, à paraître jeudi aux Éditions La Découverte, l’ex-conseiller personnel de feu Omar Bongo, Mike Jocktane, accuse le président français Nicolas Sarkozy d’avoir touché des fonds de l’ancien président gabonais. « Omar Bongo a contribué au financement de la campagne présidentielle de 2007 du candidat Nicolas Sarkozy », affirme-t-il aux auteurs de l’enquête.

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Face à ces accusations, la présidence française s’est pour l’instant refusée à tout commentaire. Rien ne prouve bien-sûr que les propos de Mike Jocktane, très proche conseiller d’Omar Bongo à partir de 2005 avant d’être promu directeur adjoint de son cabinet en janvier 2009, et de finalement rejoindre l’opposition à son fils et successeur Ali Bongo, soient crédibles. Mais ils constituent un élément supplémentaire de suspicion après « l’affaire Bourgi ».

Version partielle

Les mallettes ont continué de circuler avant et après l’élection de Nicolas Sarkozy.

Mike Jocktane, ancien conseiller d’Omar Bongo

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En septembre, l’avocat franco-libanais avait, entre autres, affirmé avoir remis « 20 millions de dollars » à l’ex-président Jacques Chirac (1995-2007) et à son Premier ministre Dominique de Villepin. Mais il avait assuré que « ni Omar Bongo ni aucun autre chef d’État africain » n’avaient remis d’argent à Nicolas Sarkozy par son « intermédiaire ».

Mike Jocktane dément cette version, partielle selon lui. « Contrairement à ce que prétend Robert Bourgi (…), les mallettes ont continué de circuler avant et après l’élection de Nicolas Sarkozy », assure-t-il.

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Autre accusation – pas forcément plus crédible – contre le président français, celle qui émane de Michel de Bonnecorse. Dans le livre de Pierre Péan La République des mallettes, l’ancien conseiller pour l’Afrique de Jacques Chirac accuse Robert Bourgi d’avoir remis des fonds occultes à Dominique de Villepin ainsi qu’à Nicolas Sarkozy à un moment où les deux hommes, respectivement Premier ministre et ministre de l’Intérieur, étaient grands rivaux à droite pour l’élection de 2007. Quand Bourgi choisit au printemps 2006 de rejoindre Nicolas Sarkozy, il ne fait « plus qu’une (mallette), plus grosse, qu’il dépose aux pieds du ministre de l’Intérieur », affirme-t-il.

Moyens de pression

Mike Jocktane est quant à lui beaucoup plus précis. « Quand un homme politique français se rend au Gabon, on dit qu’il vient chercher sa mallette… Le président défunt Omar Bongo était très généreux avec les dirigeants français. (…) Une part importante de ces dons a fini dans les poches des bénéficiaires. Il y a eu beaucoup d’enrichissement personnel. (…) Les remises de mallettes effectuées dans le bureau du président étaient filmées par des caméras cachées. Tout était enregistré sur vidéo », affirme-t-il, ce qui constitue « l’un des moyens de pression de Libreville sur Paris ».

Pis, selon Jocktane, « l’empressement avec lequel la France a reconnu l’élection frauduleuse d’Ali Bongo en 2009 s’explique par les mallettes distribuées ». La cour constitutionnelle du pays n’avait pas encore rejeté un recours de l’opposition sur des fraudes massives que Paris s’était déjà exprimé. Or plusieurs sources affirment que Ali Bongo avait perdu le scrutin.

Dans un documentaire diffusé en décembre 2010, Michel de Bonnecorse déclarait que les premiers résultats donnaient Ali Bongo battu par son adversaire André Mba Obame à 42% contre 37%. Robert Bourgi aurait aussi initialement reconnu la défaite du fils Bongo. « Le petit a perdu, le petit a perdu ! », aurait-il lancé pris de panique à des proches de Nicolas Sarkozy au soir du vote, selon un témoin oculaire de la scène à Paris, cité dans Le scandale des biens mal acquis.

(Avec AFP)

Lire notre dossier "Bourgi : tempête sur la Françafrique", ici.

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