Tunisie : l’Assemblée constituante tient sa première réunion
Selon un accord de principe entre les trois principales formations de la Constituante tunisienne, la première réunion de celle-ci devrait valider officiellement les nominations aux présidences de la République et de l’Assemblée ainsi qu’à la tête du gouvernement. La composition de ce dernier réserve, lui, plus de surprises.
![Ben Jafaar (Ettakatol), Marzouki (CPR) et Jebali (Ennahdha) devraient contrôler trois postes-clé. © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2011/11/22/022112011080554000000benjafmarzoukjebali.jpg)
Ben Jafaar (Ettakatol), Marzouki (CPR) et Jebali (Ennahdha) devraient contrôler trois postes-clé. © AFP
Mis à jour à 12 heures.
La journée est historique, au même titre que celle du 23 octobre, qui a vu il y a tout juste un mois l’élection de la Constituante tunisienne. L’Assemblée nouvellement élue tient sa première réunion ce mardi 22 novembre 2011.
« Je déclare ouverte la première séance de l’Assemblée constituante », a déclaré Tahar Hamila, le député le plus âgé et président de la séance, devant les élus réunis au palais du Bardo, siège de l’ancien parlement à Tunis, juste avant que les 217 députés n’entâment l’hymne national. Les élus ont ensuite rendu hommage aux martyrs de la révolution tunisienne en récitant la Fatiha, la première sourate du Coran.
Après une suspension de séance, l’Assemblée doit procéder à l’élection – à la majorité absolue – de son président et de ses deux vice-présidents.
« En ce moment historique, nous posons la première pierre de la deuxième république pour un État de liberté, de justice et de dignité, qui sera appelé à réaliser les objectifs de la révolution », a estimé le président de séance.
Accord sur la répartition des pouvoirs
Pour en arriver là, les trois principaux partis élus ont dû négocier serré pour conclure un accord sur la répartition des pouvoirs et la distribution des portefeuilles dans le futur gouvernement tunisien.
Ils ont convenu que la direction du gouvernement devait revenir à l’islamiste Hamadi Jebali d’Ennahda (premier parti avec 89 élus), que la présidence de la République irait à Moncef Marzouki, dirigeant du Congrès pour la République (CPR, 29 élus) et celle de l’Assemblée à Mustapha Ben Jaafar, leader d’Ettakatol (20 élus).
Un accord qui doit être confirmé par les députés car il « n’a pas de valeur juridique ou constitutionnelle », note le constitutionnaliste Ghazi Ghrairi.
Face à la majorité Ennahda/CPR/Ettakatol, les autres partis de gauche PDP (Parti démocrate progressiste, 16 sièges) et PDM (Pôle démocratique moderniste, 5 sièges) se rangent dans l’opposition. Une inconnue subsiste sur l’attitude qu’adopteront les élus d’une formation indépendante totalement inconnue avant les élections, « La Pétition populaire » menée par Hachemi Hamdi, homme d’affaires suspecté de liens avec l’ancien pouvoir de Ben Ali, qui a raflé 26 sièges et se retrouve numériquement la troisième force de l’Assemblée.
Climat tendu
Mais cette première réunion se tient dans un climat tendu, de nombreux Tunisiens avouant leur exaspération devant les tractations de ces dernières semaines entre les trois partis majoritaires. Hors de l’enceinte, plus de 1000 manifestants représentant une vingtaine d’associations de la société civile, notamment féminines, s’étaient rassemblés afin d’exprimer leur crainte quant à la garantie des libertés et des droits des femmes, a indiqué l’agence AP.
A son arrivée, l’élue du mouvement islamiste Ennahdha Souad Abderrahim a notamment été interpellée par des manifestants, aux cris de "Dégage !". Des propos qui visaient à protester contre les critiques qu’elle a récemment émise à l’encontre les mères célibataires, les traitant d’« infâmes ».
(Avec AFP)
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