Égypte : le bilan des affrontements dans le pays s’alourdit
Les affrontements entre des centaines de manifestants réclamant la fin du pouvoir militaire et forces de l’ordre sont entrés dans leur troisième jour lundi matin place Tahrir au Caire, après avoir fait 33 morts depuis samedi en Egypte.
Mis à jour le 21 novembre à 15:54
33 morts en deux jours. C’est le dernier bilan humain des affrontements entre manifestants hostiles au régime et forces de l’ordre qui ont cours depuis samedi 19 novembre en Égypte. Le ministère de la Santé a de son côté fait état de 22 décès et de centaines de blessés.
Une semaine avant le début des élections législatives prévues le 28 novembre, les heurts ont commencé samedi 19 novempbre dans la matinée, à l’issue d’une manifestation contre le pouvoir militaire place Al-Tahrir, qui a regroupé des dizaines de milliers de personnes. Les affrontements se sont poursuivis dimanche, les policiers tiraient contre les manifestants des grenades lacrymogènes, tandis que les manifestants répliquaient par des jets de pierre, selon des images retransmises par la télévision publique. Ce même jour, forces de l’ordre et contestataires se battaient également à l’aide de cocktails Molotov. Mais sur les treize personnes décédées dimanche au Caire et recensées par les responsables de la morgue, au moins quatre d’entre elles avaient été tuées par balles réelles. Des médecins ont également indiqué soigner de nombreux blessés par balles. Le docteur Mohammed Taher a déclaré avoir vu un homme ayant reçu une balle dans la tête et un autre au cou, tous deux étaient dans un état grave.
Rejet de la déclaration contitutionnelle
Outre la capitale, des manifestants défilaient également à el-Arich, dans le Sinaï et à Ismaïlia, sur le canal de Suez, tandis que des heurts ont éclaté à l’issue des funérailles d’un jeune homme tué samedi à Alexandrie.
La démonstration de force, menée par les islamistes, avait comme objectif de réclamer le retrait d’une déclaration constitutionnelle présentée par le gouvernement. Cette disposition venait exempter le budget de l’armée de tout contrôle parlementaire. Au-delà de ce texte, la manifestation venait aussi exprimer les craintes d’une partie de la population sur l’avenir démocratique du pays. Si l’armée s’est en effet engagée à rendre le pouvoir aux civils après l’élection d’un nouveau président, la date de la présidentielle qui doit suivre les législatives n’est pas encore connue. « Le peuple veut l’exécution du maréchal » (Hussein Tantaoui, le chef du pays) scandaient les manifestants.
L’imam de la mosquée Omar Makram, cheikh Mazhar Chahine, indiquait lundi matin très tôt que les affrontements avaient cessé, et le calme était revenu sur la célèbre place de la capitale. L’imam a déclaré avoir trouvé un accord avec les forces de l’ordre, prévoyant notamment un cessez-le-feu.
L’armée a pour sa part affirmé « regretter » les évènements dans un communiqué lu dimanche soir à la télévision publique. Elle a appelé le gouvernement à rencontrer les forces politiques pour mettre fin aux affrontements, et a indiqué qu’elle se tiendrait au calendrier électoral établi. « Nous n’allons pas céder aux appels pour reporter le scrutin. Les forces armées et le ministère de l’Intérieur sont capables d’assurer la sécurité des bureaux de vote », avait pour sa part affirmé le général Mohsen al-Fangari
Plusieurs personnalités politiques et des intellectuels appellent eux à la révision du calendrier politique. Ils souhaitent procéder dans un premier temps à l’élection d’une Assemblée constituante, puis d’un président et enfin d’un parlement.
(Avec AFP)
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