Cameroun : le révérend « rebelle » Bertin Kisop aux arrêts
Candidat recalé à l’élection présidentielle du 9 octobre dernier, Bertin Kisob avait revendiqué une fusillade au pont du Wouri à Douala, le 29 septembre 2011. Mais aussi l’assassinat de deux gendarmes dans la péninsule de Bakassi, le 9 octobre, sous la bannière de l’Armée de libération du peuple camerounais.
Les leaders autoproclamés de l’Armée de libération du peuple camerounais (ALPC) ne répondent plus au téléphone. Les fidèles de l’église Maatiste dont Bertin Kisob était le pasteur-fondateur, n’ont plus revu ce dernier depuis plus d’un mois, et n’ont aucune nouvelle. Son père, John Kisob, colonel retraité de l’armée camerounaise, accuse le coup après avoir été brièvement interpellé suite aux déclarations de guerre de son fils.
Bertin Kisob s’est fait passer pour un révolutionnaire après l’attaque du pont sur le Wouri à Douala, le 29 septembre dernier. Une fusillade suivie de la découverte d’une grenade dans les locaux de la représentation d’Elections Cameroon à Limbé, à 60 kilomètres de Douala, puis par l’assaut ayant abouti à la mort de deux gendarmes dans la localité d’Isanguele à Bakassi le jour du scrutin présidentiel qui a vu Paul Biya réélu. Kisob se disait déterminé à « mettre un terme au long règne de Paul Biya et instaurer la démocratie au Cameroun ».
L’armée embarassée
Une source militaire confirme que « Bertin Kisob est effectivement aux arrêts depuis début novembre ». Les responsables de l’armée contactés se montrent plutôt embarrassés, mais finissent par reconnaître que « personne ne peut défier l’autorité de l’État, provoquer l’armée, prôner l’insurrection, et rester impuni. Où est donc détenu le chef de l’ALPC ?
À en croire une source à l’Etat-major des armées à Yaoundé, ce serait « probablement à la base du Bataillon d’intervention rapide (BIR) à Man’o War Bay Limbé ». Au sein du commandement de la police, tout comme à la gendarmerie, aucun responsable n’accepte de s’exprimer sur l’affaire. « Le moment venu, le gouvernement va communiquer sur ce qui se passe avec ce soi-disant pasteur rebelle », affirme un collaborateur du gouverneur de la région du Sud-Ouest.
Depuis l’annonce de l’arrestation de Bertin Kisob par le quotidien Le Jour, silence radio du côté du gouvernement. À Limbé comme à Douala, les sources proches de l’affaire affirment qu’elle relève du « secret défense », tout en précisant que « l’intéressé subit les interrogatoires conduits par des spécialistes ». Il s’agit en réalité d’obtenir de Kisob qu’il précise « ses motivations, donne les noms de ses commanditaires et des complices s’il y en a ».
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Par Armelle Nya, à Limbé
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