Sidya Touré : « Nous attendons que les promesses d’Alpha Condé soient traduites en actes »
Dans un contexte politique difficile marqué par la contestation du processus électoral et l’absence de dialogue avec l’opposition, le 15 novembre, le président guinéen Alpha Condé a initié une rencontre avec l’Union des forces républicaines (UFR). Au lendemain de la rencontre, le président de l’UFR et ancien Premier ministre, Sidya Touré, livre ses impressions sur une décrispation attendue depuis de longs mois.
Quel est votre commentaire suite à la rencontre du 15 novembre avec le président Alpha Condé ?
On aurait pu avoir cette concertation depuis plusieurs mois, au moins depuis de mars dernier, soit trois mois après l’élection présidentielle guinéenne. Nous aurions pu alors éviter les crises politiques qui ont suivi cette échéance électorale. Il y a eu des crispations, mais nous n’allons pas refaire l’histoire ni regarder dans le rétroviseur. Il vaut mieux tard que jamais.
Qu’avez-vous retenu de cette concertation ?
J’ai retenu les nombreuses promesses concernant le processus électoral, précisément sur la question de Commission électorale nationale indépendante (Ceni) (dont l’opposition réclame la recomposition, NDLR) et sur le fichier électoral (voir ici l’interview vidéo du 28 octobre 2011 de Sydia Touré). Maintenant, nous attendons que les promesses d’Alpha Condé soient traduites en actes. Ceci étant dit, nous constatons que ces promesses sont une nouveauté. Auparavant, il nous était déjà difficile d’obtenir une rencontre avec le ministre de l’Administration du territoire, aujourd’hui, c’est le Président qui montre des dispositions à amorcer le dialogue.
Y a-t-il un espoir pour que ces discussions aboutissent ?
Nous espérons car tout le monde commençait à montrer la Guinée du doigt comme un pays qui ne respectait pas ses engagements en matière de démocratie et cela nous peinait. Il faut rappeler que nous sommes dans une situation inédite où un président a été élu depuis près d’un an et dirige sans assemblée nationale. Cela n’est pas encourageant pour la construction de la démocratie. Pour notre part, nous souhaitons aller aux élections (législatives et communales, NDLR) le plus rapidement possible.
Quelles sont les conditions pour un accord entre l’opposition ?
Pour nous, les deux préalables sont la libération des quelques 150 de nos militants emprisonnés à la suite de manifestations politiques et la restructuration de la Ceni. Après cela, nous pourrons évidemment obtenir un consensus sur la date des élections, que nous voulons, encore une fois, le plus rapidement possible.Et, surtout, nous voulons nous entendre sur le fichier électoral.
Il est donc impératif que la Ceni qui fait comme si personne n’existait, suspende ses opérations en cours, en vue de permettre la sérénité dans le dialogue qui s’amorce. Un dialogue que nous voulons sincère, pour le bien de la Guinée et des Guinéens.
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Propos receuillis par André Silver Konan
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