France : Rama Yade acccusée de plagiat
À l’occasion de la parution de son « Plaidoyer pour l’instruction publique », Rama Yade se trouve prise dans une mini-tempête médiatique dont elle se serait certainement bien passée. Jean-Michel Muglioni, vice-président de la Société française de philosophie, accuse l’ancienne secrétaire d’État chargée des sports de pratiquer le plagiat de haute voltige.
Reprendre tel quel le texte d’un autre auteur, sans mettre de guillemets ni au début, ni à la fin, ce n’est pas le citer, mais le plagier. Rama Yade n’aurait pas compris ce principe fondamental de l’écriture qui a pourtant mis quelques journalistes français dans des postures inconfortables ces derniers mois. Dans son « Plaidoyer pour l’instruction publique », paru le 9 novembre, Rama Yade aurait repris à son compte des passages entiers des analyses de Jean-Michel Muglioni sur la crise de l’école de la République, publiées sur le site mezetulle.net. « Il n’est pas seulement question d’un mot, d’une expression ou d’une tournure…mais de phrases entières qui ont été recopiées mot pour mot, sans guillemets ! », s’est offusqué le vice-président de la Société française de philosophie, sur le site Marianne2.fr. Selon l’hebdomadaire, qui avait publié les bonnes feuilles de l’ouvrage, Rama Yade aurait « emprunté » les propos de Jean-Michel Muglioni à six reprises.
Similitudes
Dans un billet mis en ligne le 11 novembre, Catherine Kintzler, philosophe et responsable du « blog-revue » mezetulle.net, prouve par exemple que deux passages publiés page 64 du « Plaidoyer pour l’instruction publique » – dont Jeune Afrique a un exemplaire -, sont similaires à « L’éducation par l’instruction », un article signé par Jean-Michel Muglioni et publié le 25 juin 2009. Ainsi, dans le livre de Rama Yade, on peut lire : « L’image de la règle signifie qu’au lieu de suivre les fluctuations de l’âme, on se donne une direction et qu’on s’y tient. Cette contrainte est libératrice, car les pensées abandonnées à elles-mêmes, sans règle, ne sont pas libres. » Muglioni, lui, a écrit : « L’image de la règle signifie qu’au lieu de suivre les fluctuations de l’âme, on se donne une direction et qu’on s’y tient. Cette contrainte est libératrice, car les pensées abandonnées à elles-mêmes, sans règles, ne sont pas libres. » A un tel niveau de similitude, il devient difficile de parler d’un simple emprunt…
"Erreur dans la bibliographie"
Pourtant, pour Rama Yade, ce n’est pas du plagiat. Interrogée par Marianne, l’ex-ambassadrice de France à l’Unesco, plaide la bonne foi et affirme qu’il s’agit d’une erreur dans la bibliographie. Elle a bien référencé Catherine Kintzler, en pensant qu’elle était l’auteur de tous les textes parus sur le site. Par ailleurs, elle ajoute qu’elle n’a cité aucun site Internet, puisqu’il lui aurait été impossible de tous les sourcer. Conclusion : pour les guillemets et la note de bas de page, les auteurs repasseront. Jean-Michel Muglioni, lui, ne l’entend pas de cette oreille. Le 9 novembre, il a demandé aux éditions Grasset, qui publient l’ouvrage, de le retirer de la vente.
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