Maroc : vers une victoire du PJD aux législatives ?

Même si les contextes marocain et tunisien sont dissemblables, l’ouverture de la campagne pour les élections législatives anticipées du 25 novembre dans le royaume chérifien suscite l’inquiétude d’une partie de la classe politique. Et du côté du PJD, on se prend à rêver d’une victoire à la Ennahdha…

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD. © AFP

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD. © AFP

Publié le 14 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Le scrutin marocain intervient un mois après les élections constituantes du 23 octobre en Tunisie, le premier scrutin libre d’un pays ayant initié les révoltes dans le monde arabe, et juste avant les législatives en Égypte, où les islamistes ont le vent en poupe.

Et la victoire du parti islamiste tunisien, Ennahdha, qui a remporté près de 40% des suffrages, donne aux islamistes modérés du Parti de la justice et du développement (PJD), l’espoir de gagner les élections marocaines.

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Les législatives anticipées au Maroc constituent la suite logique de l’adoption d’une nouvelle Constitution, par référendum le 1er juillet, après avoir été proposée par le roi Mohamed VI soucieux des conséquences dans son pays des révoltes du "printemps arabe".

Avec les laïcs en cas de victoire

De nombreux commentaires de presse font état d’une possible poussée dans les urnes du PJD marocain, premier parti d’opposition avec 47 députés. Une conviction partagée par les principaux intéressés eux-mêmes.

« L’expérience tunisienne a défini la tendance; il n’y a pas beaucoup de différences entre les Marocains et les Tunisiens. En plus, l’occident nous connaît de mieux en mieux » a ainsi déclaré à l’agence de presse Reuters le numéro deux du PJD, Lahcène Daodi.

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Confiant, Daodi a également affirmé à l’agence britannique que sa formation pourrait bien obtenir entre 70 et 80 sièges, sur les 395 que compte le parlement.

Si ces prévisions se confirment, le PJD deviendrait alors la première force politique du Parlement. Dans ce cas, c’est parmi ses rangs que le roi devra choisir son premier ministre, comme le prévoit la nouvelle Constitution.

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Mais le favori a d’ores et déjà annoncé qu’il ne gouvernerait pas tout seul, préférant former une alliance avec trois formations laïques, dont le parti Istiqlal, auquel appartient le Premier ministre Abbas al-Fassi.

Le PJD fait face à une coalition de huit partis, regroupés autour du Rassemblement national des indépendants (RNI, libéral) qui entend lui barrer la route.
Comme en Tunisie et en Égypte, les islamistes Marocains ont su tirer profit d’un contexte économique et social défavorable.

Contexte favorable

Avec un taux de pauvreté à 28% en 2010, et un taux de chômage très élevé parmi les jeunes de moins de 34 ans (31,4% au troisième trimestre 2011, selon les statistiques officielles), qui représentent aussi 57% de l’électorat marocain, le PJD a réussit à séduire de nombreux électeurs du pays en se concentrant sur les questions économiques et sociales.

Sans compter que le parti de la Justice et du développement a apporté son soutien à la monarchie, contrairement à d’autres partis adepte de l’Islam politique comme Justice et Charité, parti interdit qui a participé cette année aux manifestations demandant des réformes radicales.

Le contexte régional aussi laisse à croire que les islamistes ont le vent en poupe. Ils « sont bien plus acceptables aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a quelques années » explique à Reuters Lisa Storm, spécialiste du Moyen-Orient à l’université britannique d’Exeter qui ajoute : « après les élections en Tunisie, les Marocains vont se demander : « Pourquoi pas chez nous ? »

(Avec agences)
 

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