Habib El Malki (USFP) : « Les revendications des jeunes Marocains sont les nôtres »

Ancien ministre de l’Éducation nationale et membre du bureau politique de l’USFP, Habib El Malki est également député du Cercle de Boujâad depuis 1992. Quelques jours avant les législatives marocaines du 25 novembre, il livre son sentiment sur un scrutin historique qui intervient juste après l’adoption d’une nouvelle Constitution limitant les pouvoirs du roi. Interview.

Habib El Malki : « Nous sommes les seuls à avoir demandé une réforme constitutionnelle ». © D.R.

Habib El Malki : « Nous sommes les seuls à avoir demandé une réforme constitutionnelle ». © D.R.

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Publié le 11 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Maroc : législatives anticipées 2011
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Maroc : législatives anticipées 2011

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Jeuneafrique.com : À 15 jours des élections législatives, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Habib El Malki : Il faut avouer que j’ai pris l’habitude. Cela fait vingt ans que je me présente ! Reste que cette élection n’est pas tout à fait comme les autres, puisque nous venons d’adopter une nouvelle Constitution qui doit être mise en œuvre et appliquée le mieux possible. C’est pour cela qu’il faut mobiliser la population. La société civile, dont le rôle a d’ailleurs été consacré par la Constitution, doit s’impliquer pour que le taux de participation soit plus élevé qu’en 2007.

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Il n’y a que 13 millions d’inscrits sur les listes. N’est-ce pas aussi la faute des partis politiques si les Marocains se sentent si peu concernés ?

Vous faites assumer trop de responsabilités aux partis marocains. Depuis dix ans, nous sommes dans un environnement qui a contribué à dévaloriser le politique et nous en récoltons aujourd’hui les fruits.

On prédit des résultats désastreux pour l’USFP. Êtes-vous inquiet ?

Sur quelles bases se reposent les médias pour formuler de tels pronostics ? Malheureusement nous n’avons pas de sondages sur lesquels nous appuyer et toute prédiction relève de Mme Soleil. Or, au Maroc, Mme Soleil s’est toujours trompée.

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Depuis le Printemps arabe, les Marocains demandent eux aussi une rupture et notamment un renouvellement des candidats pour ces élections. Votre parti répond-t-il à cette exigence ?

Les grandes réformes ne sont jamais des cadeaux qui tombent du ciel.

Bien sûr. Notre bureau politique a été renouvelé de moitié et notre Conseil national à plus de 50%. Mais je crois qu’il ne faut pas se focaliser sur ce concept de conflit de génération.

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La rupture n’est pas là mais dans la nouvelle Constitution, qui est l’aboutissement d’une dynamique entamée depuis l’alternance. Depuis notre Congrès de 2008, nous sommes les seuls à avoir demandé une réforme constitutionnelle. Les grandes réformes ne sont jamais des cadeaux qui tombent du ciel.

En même temps, pouvez-vous vous prévaloir de l’avancée inscrite dans la nouvelle Constitution ? C’est le contexte régional et le Mouvement du 20 février qui semblent avoir été les plus déterminants…

La victoire ne nous est pas confisquée et nous n’avons pas besoin de nous distinguer dans la course médiatique. Reste, je le reconnais, que nous avons un déficit réel en terme de communication.

Vous avez pourtant essayé d’intégrer certains membres du M20 et de vous faire le chantre de leurs idées ?

Mais les revendications des jeunes sont les nôtres. Nous ne faisons pas un travail politique de saison, nous sommes constants sur nos options fondamentales. À part la Koutla (coalition historique regroupant l’USFP, l’Istiqlal et le PPS, NDLR), aucun parti n’a été un acteur dans l’histoire des réformes constitutionnelles et politique du Maroc. C’est pour cela que nous sommes les mieux habilités à appliquer la nouvelle Constitution. Il faut faire attention à ceux qui se contenteraient d’ une mise en œuvre formelle du texte suprême, qui légitimerait le statu quo et ne s’accompagnerait pas de réformes profondes.

Quelle est la position de la Koutla à la veille du scrutin ?

La Koutla a renouvelé sa plateforme fondatrice et s’est entendu sur un « nouveau pacte pour l’avenir ». C’est un projet de société, qui va au-delà des contingences électorales, et qui met le citoyen marocain, responsable, autonome et libre de ses choix, au centre de tout.
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Propos recueillis par Leïla Slimani

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