Aqmi : les États-Unis pressent le Mali d’agir
Si les Français semblent s’être résignés à attendre l’élection présidentielle de 2012 au Mali et le remplacement d’Amadou Toumani Touré pour développer leur coopération militaire avec Bamako dans la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), tel n’est pas le cas des États-Unis. Le 28 octobre, ceux-ci ont fait un don en matériel d’une valeur de 4,5 milliards de FCFA et pressent Koulouba d’agir sur le terrain.
Les États-Unis sont déterminés à monter en puissance dans la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) depuis le Mali. Le vendredi 28 octobre, le Pentagone a offert à l’armée malienne 44 pick-up, 18 camions, 6 ambulances, 17 radios Harris montées sur véhicules, 24 autres portables, des téléphones tactiques et des logiciels de transmission de données. À ce lot s’ajoute des jumelles militaires, des lunettes de vision pour les snipers ou encore des appareils de vision nocturne. Coût total : 4,5 milliards de F CFA. Il y a un an, l’armée malienne avait déjà bénéficié d’un don de 40 véhicules pick-up, de postes radios et de matériels médicaux de campagne.
Équipement et formation
Au-delà de l’équipement militaire, l’armée américaine apporte depuis de nombreuses années son soutien en matière de formation à l’Échelon tactique interarmées (Etia, unité de l’armée malienne spécialisée dans lutte contre le terrorisme) avec l’organisation d’exercices militaires annuels.
« Depuis 2006, nous avons formé un millier de soldats maliens, dans le cadre de la lutte contre Aqmi. Ces formations comprennent des entraînements au tir, les patrouilles, la coordination des mouvements sur le terrain avec les véhicules et la communication », affirme avec satisfaction le commandant de l’Opération Liberté Durable dans le Trans Sahara d’Africom, le commandant Alexander Kelly.
« Face aux nouvelles menaces sécuritaires, le Mali et les États-Unis partagent les mêmes préoccupations et livrent le même combat », a expliqué le ministre malien de la Défense, Natié Pleah. Mais en elle même, cette coopération n’est pas suffisante aux yeux des experts américains. « Il est clair que les formations et les équipements, aussi efficaces soient-ils, ne peuvent pas garantir à eux seuls les meilleurs résultats. À cela, il faudra également ajouter les engagements diplomatiques avec les partenaires régionaux sur les approches coordonnées de lutte contre l’insécurité dans la région », précise le chargé d’affaire de l’ambassade des États-Unis au Mali, Peter H. Barlerin.
Avec ce soutien, les États-Unis visent un double objectif : former des unités spéciales capables de déloger Aqmi de ses bases installées dans le nord et le nord-ouest du pays, mais aussi inciter les autorités maliennes à s’y installer et mieux contrôler les frontières pour lutter contre le trafic de drogue.
Gesticulation et frustration
Pourtant, sur ces points précis, Bamako traînerait les pieds si l’on en croit le contenu d’un câble de l’ambassade des États-Unis à Bamako en 2010 révélé par Wikileaks fin août 2011. Selon la missive, certains « pays du champ » soupçonnent même une complicité en haut lieu avec Aqmi.
Du point de vue de Koulouba, cette inertie est due au manque de moyens et de coopération. « Nous ne sommes pas pour des opérations spectaculaires inutiles ou pour faire plaisir à certains. Il va falloir que les actions soient communes », a déclaré le président Amadou Toumani Touré (ATT) après la remise des dons américains, fin octobre.
Des paroles qui semblent en contradiction avec une déclaration d’ATT du mois de mai 2010, lors la cérémonie de clôture d’une formation militaire d’Africom à l’Etia. À la question d’un journaliste européen portant sur le calendrier des actions contre Aqmi, le président avait répondu en ces termes : « Dans le cadre d’une manœuvre la première chose c’est la gesticulation, c’est de faire savoir à l’ennemi que je m’entraîne, que je suis fort, équipé et que je suis disposé à répondre à toutes les menaces…».
Or depuis 2009, Bamako n’a initié aucune action concrète contre Aqmi. En définitive, l’agitation ou l’inaction de Bamako n’ont pour le moment eu qu’un seul effet concret : susciter la frustration des partenaires du Mali.
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