Afrique du Sud : l’ANC étrille Julius Malema

Le turbulent président de la Ligue de jeunesse de l’ANC, Julius Malema, a été condamné à cinq ans de suspension du parti au pouvoir en Afrique du Sud. Un jugement qui surprend par sa fermeté mais dont il peut faire appel.

Julius Malema, le 29 août 2011 à Johannesburg. © AFP

Julius Malema, le 29 août 2011 à Johannesburg. © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 10 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Est-ce le début de la fin pour le Sud-Africain Julius Malema ? La sanction disciplinaire rendue par son parti, l’African national congress (ANC, au pouvoir), contre lui jeudi matin a en tout cas surpris par sa vigueur.

Provocations

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Le trublion, président de la Ligue de jeunesse du parti (ANCYL), a été suspendu pour 5 ans au terme d’une procédure disciplinaire interne très médiatique qui dure depuis plus de deux mois. Cinq autres responsables de l’organisation ont écopé de peines de suspensions (avec sursis pour certains).

Malema a été reconnu coupable d’indiscipline, d’avoir discrédité son parti et d’y avoir semé la division. Connu entre autres pour avoir réhabilité le chant révolutionnaire « tuez les boers » (fermiers blancs afrikaners) et condamné par la justice sud-africaine pour cela, il n’a en revanche pas été reconnu coupable de racisme.

Entre autres provocations, le jeune leader de 30 ans avait notamment traité le gouvernement du Botswana voisin de « marionnette » des États-Unis et menacé d’envoyer des membres de son organisation sur place pour aider l’opposition à le renverser.

Ses attaques incessantes contre Jacob Zuma, à qui il reproche d’être trop timoré dans les réformes économiques (Malema préconise la nationalisation des mines et des grandes exploitations agricoles) ont irrité les fidèles du président à la tête du parti.

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Malema instrumentalisé ?

Cette décision sonne comme la première riposte Zuma, à peine plus d’un an avant la Conférence de Mangaung, qui doit désigner le candidat de l’ANC pour les prochaines élections générales et qui s’annonce très disputée. De nombreux observateurs considèrent Malema comme un instrument des rivaux de Zuma à l’intérieur du parti.

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Au cours des auditions, plusieurs poids lourds de l’ANC ont d’ailleurs pris sa défense, comme Winnie Madikizela-Mandela (l’ex-épouse de Nelson Mandela) ou encore Tokyo Sexwale, le ministre des Implantations humaines, présenté comme un possible candidat à la succession de Zuma.

Conscients de leur capacité de nuisance, les partisans de Julius Malema – qui se trouvait dans sa région d’origine du Limpopo lors de l’annonce du verdict – ne s’attendaient pas à un verdict aussi sévère.

Pendant les premiers jours des auditions de Malema, avant qu’elles ne soient délocalisées, ils étaient venus par centaines créer des émeutes devant le siège de l’ANC à Johannesburg. Fin octobre, l’Ancyl avait fait monter la pression d’un cran en organisant de grandes marches au succès mitigé (quelques milliers de personnes) dans la capitale politique Pretoria et devant le siège de la bourse de Johannesburg.

Pas de quoi intimider la direction du parti. Mais Julius Malema ne devrait pas baisser les bras pour autant. Il dispose de 14 jours pour faire appel de cette décision et la procédure devrait lui donner une nouvelle tribune.
 

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