Violences en RDC : Greenpeace accuse un groupe forestier allemand
Le groupe forestier allemand Danzer, basé en Suisse, est accusé par Greenpeace d’avoir commis en mai 2011 des violences à l’encontre d’une communauté locale du nord de la République démocratique du Congo (RDC) avec laquelle le groupe était en conflit depuis plusieurs semaines.
Le « secteur industriel forestier en République démocratique du Congo (RDC) continue d’alimenter les atteintes aux droits de l’homme perpétrées à l’encontre de communautés forestières laissées-pour-compte », selon Greenpeace.
"Villageois battus", "femmes violées"
Un rapport de l’organisation écologiste rendu public lundi, accuse le groupe forestier allemand Danzer, basé en Suisse, d’avoir commis des violences en mai 2011 à l’encontre de populations d’un village de RDC.
Intitulé « Futur volé. Exploitation forestière et conflits dans les forêts tropicales congolaises», le rapport décrit l’horreur présumée de la scène : « Dans la nuit du 2 mai 2011, 60 soldats et policiers ont attaqué la communauté forestière de Yalisika, dans le village de Bosanga», dans le nord de la RDC, affirme Greenpeace.
« Un homme est mort, et plusieurs femmes ont été violées, dont des mineures. Des villageois ont été battus et 16 personnes arrêtées et emmenées », poursuit le rapport qui publie des nombreux témoignages recueillis par Greenpeace.
Des accusations confirmées par Joseph Bobia, coordonnateur national du Réseau ressources naturelles, un collectif d’associations sur l’environnement et les droits de l’homme. « On a violé des femmes, même des femmes qui venaient à peine d’accoucher. Des jeunes filles qui allaient à l’école ont été violées », a-t-il affirmé lundi.
Une filiale de Danzer accusée
Selon Greenpeace, la Siforco (Société Industrielle et Forestière du Congo), une « filiale congolaise » du groupe allemand Danzer, aurait « fourni les moyens logistiques (un camion et un chauffeur) et payé le groupe composé de soldats et de policiers » ayant commis les violences.
Danzer était en conflit depuis plusieurs semaines avec la communauté locale qui réclamait, selon Greenpeace, « que la compagnie qui exploite ses forêts remplisse enfin ses obligations légales, c’est-à-dire fournisse des infrastructures de bases promises (un centre de santé et une école) en échange de l’extraction du bois précieux ».
Les villageois « ont officiellement porté plainte contre la compagnie » au mois d’août, selon Greenpeace. « Ce sont des infractions que nous ne devons pas laisser courir », a prévenu en RDC John Biselele Tshikele, avocat de 57 victimes du village, précisant avoir « des éléments, des preuves ».
« L’affaire est au niveau de l’auditorat supérieur de Mbandaka (capitale de la province de l’Equateur, nord-ouest). Elle sera fixée dans les prochains jours. Nous pensons qu’elle peut être fixée début décembre », a-t-il ajouté.
Action de Greenpeace à Caen
L’ONG met également en cause l’Agence française de développement (AFD), l’accusant d’aider financièrement cette société, «sous prétexte de soutenir le principe d’une soi disant ‘exploitation forestière durable’ dans le bassin du Congo, idée qui est constamment démentie».
Pour marquer la sortie de son rapport, une quinzaine de militants de Greenpeace ont occupé lundi matin un dépôt de bois du port de Caen (nord-ouest de la France) pour dénoncer les aides européennes dont bénéficierait cette société, transformant le dépôt en «scène de crime».
Ils ont recouvert de peinture rouge, symbolisant du sang, des stocks de bois qui appartiennent selon eux à Danzer et circonscrit la « scène » à l’aide de rubans jaunes. « Crime au Congo », « France complice », pouvait-on lire sur des banderoles.
(Avec AFP)
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