Les manoeuvres de l’armée kenyane en Somalie dévoilées en direct sur Twitter
Opération de communication réfléchie ou imprudence ? Le porte-parole de l’armée kenyane, Emmanuel Chirchir, a annoncé pendant deux jours sur son compte Twitter le plan de bataille de Nairobi au sud de la Somalie.
La guerre version web 2.0 ? Les annonces du Major Emmanuel Chirchir sur le réseau de microblogging ont de quoi laisser perplexe. Tout au long des journées du 31 octobre et du 1er novembre, le porte-parole des troupes kenyanes a annoncé sur son compte Twitter – tout laisse à penser qu’il s’agit bien du sien – les opérations en cours et à venir des troupes de Nairobi dans le combat qui les oppose aux Shebabs au sud de la Somalie.
« Baidoa, Baadherre, Baydhabo, Dinsur, Afgooye, Bwale, Barawe, Jilib, Kismayo et Afmadhow (des villes somaliennes, NDLR) seront attaquées continuellement », écrit Emmanuel Chirchir sur le réseau social dans un message posté mardi 1er novembre en fin de matinée. Explicitement, il ajoute le hash tag (« mot clé » sur Twitter) « opération Lindanchi » à son message. Du nom de code de l’intervention kenyane en terre somalienne.
Cinq autres tweets sur les manœuvres des troupes de Nairobi lors de cette opération seront distillés par le major Chirchir, dont celui-ci : « Aujourd’hui nos forces traversent le canal de Burgavo avec l’appui logistique de notre Marine et sous la protection de nos avions. »
Secret de polichinelle
Cette communication autour des combats opposants Shebabs et soldats kenyans pose question. Les indications du porte-parole de l’armée ayant été reprises par plusieurs agences de presse dont Reuters, les mouvements des troupes de Nairobi sur le terrain se sont transformés en secret de polichinelle.
Interrogé par jeuneafrique.com via Twitter sur le pourquoi de cette communication grand public, Emmanuel Chirchir s’est contenté d’un laconique : « c’était stratégique, je ne peux pas en dire plus. »
Propagande ?
Sur le réseau social, plusieurs utilisateurs se sont d’ailleurs étonnés de ces annonces. Sur son compte Twitter, Steven Jambot, un journaliste travaillant notamment pour France 24 et RFI, commente : « Le porte-parole d’une armée qui avertit des frappes à venir sur Twitter… Ça se passe au Kenya ».
Si les Shebabs ne sont sûrement pas les plus grands utilisateurs du réseau de microblogging, l’information pourrait très bien leur être parvenue, via Internet. À moins que les indications délivrées par le porte-parole militaire ne se révèlent infondées, la pratique de la propagande étant aussi ancienne que celle de la guerre.
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