Boborinter, plateforme modèle au port de Bobo-Dioulasso

Idéalement situé, le port sec de Bobo-Dioulasso a permis au Burkina Faso d’attirer une partie du commerce régional. De quoi inspirer d’autres États du continent…

L’inauguration, en janvier 2010, en présence du président Blaise Compaoré (cravate rouge) de la plateforme multimodale du port sec de Bobo-Dioulasso. © Léonard Bazié

L’inauguration, en janvier 2010, en présence du président Blaise Compaoré (cravate rouge) de la plateforme multimodale du port sec de Bobo-Dioulasso. © Léonard Bazié

Publié le 8 août 2013 Lecture : 3 minutes.

Issu du dossier

Transport maritime : ports à prendre

Sommaire

Déjà capitale économique du Burkina Faso, Bobo-Dioulasso est devenu un carrefour régional digne de ce nom depuis l’inauguration, en 2010, du premier volet du port sec de la ville : la plateforme multimodale Boborinter, située sur la ligne ferroviaire Abidjan-Ouagadougou et sur plusieurs axes routiers menant en Côte d’Ivoire, au Mali, au Niger et au Ghana. Aujourd’hui, les deux tiers du fret transitant à Boborinter (essentiellement en provenance d’Abidjan) sont destinés au Mali et un tiers à Bobo-Dioulasso, le trafic vers le Niger, le Ghana voire le Togo étant plus variable et marginal.

Quelque 10,7 millions d’euros (7 milliards de F CFA) ont été investis par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), des banques burkinabè et la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCIBF, qui gère Boborinter) pour donner naissance à cette infrastructure qui, depuis, n’a pas déçu. Installé sur 19 ha en pleine zone industrielle, le port sec s’étend le long du chemin de fer, à 3 km de l’aéroport et près du futur boulevard périphérique. Il a permis de décongestionner le trafic dans Bobo-Dioulasso, où se trouvait l’ancienne gare routière.

la suite après cette publicité

Lire aussi :

L’armateur CMA CGM met le cap sur l’hinterland
Les ports africains passent sous contrôle privé
Burkina Faso : dans le sillage du Beneb-Souka

« Diriger un port sec, c’est identifier les besoins des opérateurs afin de concevoir des infrastructures qui permettent de les accueillir, explique Victor Fofana, directeur de Boborinter. Quels sont les produits les plus échangés et dans quelles quantités ? A-t-on besoin d’une zone dévolue aux conteneurs ou de magasins couverts pour améliorer la sécurité ? C’est une question d’organisation : quand les camions arrivent en nombre, ils doivent pouvoir repartir très vite. Désormais, grâce à la concentration des services techniques et administratifs, les choses ne traînent plus comme avant ! »

Desserte

la suite après cette publicité

Avant Boborinter, Victor Fofana a représenté pendant dix ans la CCIBF au Ghana. Il y a particulièrement travaillé « à préserver la desserte du Burkina Faso par le corridor ghanéen » lorsque le trafic venu d’Abidjan a basculé vers Accra en raison de la crise politique ivoirienne. C’est aussi depuis le Ghana qu’il a mesuré l’intérêt du transport par conteneurs. Quelque 1 500 « boîtes » ont été traitées à Boborinter en 2012 sur le terminal concédé à l’entreprise privée Terminaux routiers à conteneurs du Burkina (TRCB, filiale de Bolloré Africa Logistics), contre 1 000 un an plus tôt.

Le trafic total a quant à lui bondi de 244 500 à 407 200 t entre 2010 et 2012. Dans l’intervalle, les recettes des douanes sont passées de 57,9 millions à 98,3 millions d’euros et celles de la CCIBF de 506 000 à 985 000 euros. Reste à réaliser le second volet du port sec de Bobo-Dioulasso, à savoir le port franc (zone non soumise aux droits de douane), pour lequel 15 millions d’euros étaient prévus à l’origine – mais des arbitrages restent à prendre en termes de financement.

la suite après cette publicité

Et ailleurs en Afrique ?

Dès 2006, les Entrepôts sénégalais au Mali, équipés notamment de deux hangars frigorifiques, ont été inaugurés à Bamako en partenariat avec le port de Dakar.

En 2009, le Gabon a ouvert sa plateforme multimodale à Franceville, trait d’union entre le port de Libreville et les pays voisins. L’Algérie a étrenné un nouveau port sec en périphérie d’Alger, à Hammadi, en mars. Et au Maroc, l’Agence nationale des ports songe à faire de même à Casablanca. Alors que le Bénin a plusieurs projets sur le feu, Brazzaville a annoncé en juin vouloir construire un port sec à Dolisie, dans le sud du Congo, en lien avec le port de Pointe-Noire. Le Ghana, avec l’immense projet de Boankra relancé début 2013, n’est pas en reste. Mais avec ses 1 037 ha, c’est le port sec de Tambo Springs, en Afrique du Sud, qui sera le plus grand du continent, en 2017.  S.A.-H.

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

Dans le même dossier