Madagascar : Un « Premier ministre de consensus » qui ne fait pas l’unanimité
Omer Beriziky, un ancien ambassadeur, a été nommé vendredi 28 octobre chef du gouvernement de transition de Madagascar, dans le cadre de la feuille de route qui doit conduire le pays vers des élections. Mais déjà, le choix d’Andry Rajoelina est critiqué.
Après dix jours de tractations délicates, Andry Rajoelina, le président de la Haute autorité de la transition (HAT), a fini par trancher. Et par surprendre. A l’issue d’ultimes négociations avec les représentants de la SADC (Communauté de développement d’Afrique austral), il a annoncé avec quatre heures de retard sur le programme la nomination d’Omer Beriziky à la tête du gouvernement de transition à Madagascar, en lieu et place de Camille Vital.
Candidat de l’opposition
« Il est nommé parce que c’est un patriote et qu’il a la crainte de Dieu. De plus, il est capable de gérer les institutions et de négocier avec les bailleurs de fonds », a expliqué Andry Rajoelina devant un parterre de représentants politiques et militaires, de membres de la société civile et de diplomates étrangers.
« Le choix s’est fait surtout sur un candidat de l’opposition. Omer Beriziky fait partie de l’opposition et c’est quelqu’un qui a de l’expérience au niveau international. Il a travaillé pendant neuf ans au sein de l’Union européenne en tant qu’ambassadeur de Madagascar », a-t-il ajouté.
« Ma mission consistera à ramener le pays à la normalité constitutionnelle par des élections libres, transparentes et dont les résultats seront acceptés par tous », a déclaré de son côté le nouveau Premier ministre.
Âgé de 61 ans, cet historien de formation originaire du nord, a représenté son pays durant neuf ans auprès de l’Union européenne, à Bruxelles. Nommé à ce poste sensible (Madagascar est fortement dépendant de l’aide européenne) par Albert Zafy, duquel il fut très proche dans les années 1990, il a par la suite été maintenu sous les régimes de Didier Ratsiraka et de Marc Ravalomanana.
Omer Beriziky faisait partie d’une liste de quinze noms proposés le 19 octobre à Andry Rajoelina par les entités politiques signataires de la feuille de route. Ce document, qui a été approuvé le 17 septembre par dix des onze mouvances reconnues par la SADC, stipule que le Premier ministre doit faire l’unanimité.
"Un cheval de Troie"
Ce n’est d’ores et déjà pas le cas. Dès son annonce, les représentants de Marc Ravalomanana, qui vit en exil en Afrique du Sud depuis son éviction du pouvoir en mars 2009, ont quitté la salle où se tenait la réunion. « Nous récusons cette nomination. Dans la feuille de route, il est écrit que le Premier ministre ne doit pas être issu de la même plateforme que celle qui soutient le président de la transition. Or, Omer Beriziky est membre du Leader Fanilo, qui fait partie de l’ancienne mouvance de Rajoelina », a protesté le chef de la délégation de la mouvance Ravalomanana, Mamy Rakotoarivelo.
Bien qu’il ait été présenté par la mouvance d’Albert Zafy, l’un des principaux opposants à Rajoelina, Omer Beriziky est perçu par les partisans de Ravalomanana comme « un cheval de Troie » du camp présidentiel, en tant que membre dirigeant du parti Leader Fanilo. Ce mouvement a appartenu à la plateforme soutenant Andry Rajoelina après sa prise du pouvoir.
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