Gratuité des soins en Afrique : promesses en l’air ou réalité ?
Dans sa livraison du 25 octobre, le bimestriel scientifique britannique « Health Policy and Planning » publie un rapport sur la gratuité des soins dans plusieurs parties du monde. Les pays africains, qui multiplient les initiatives en ce sens depuis quelques années, ne sont pas toujours bien préparés pour réussir ces réformes.
« L’objectif n’est pas de distribuer les bons et les mauvais points aux pays africains. Il s’agit de voir ce qui est fait, comment c’est fait et de quelle manière on peut améliorer les politiques existantes », explique Bruno Meessen, chercheur à l’Institut de médecine tropicale d’Anvers (IMT, Belgique) et coordonnateur du projet de publication « A journal on health in development », qui paraît le 25 octobre dans le bimestriel scientifique britannique Health Policy and Planning.
Dans ce supplément de 120 pages, des chercheurs des cinq continents ont réuni leurs observations sur les systèmes de santé de plusieurs régions du monde, ainsi que sur la mise en place progressive de la gratuité (souvent partielle) des soins. Malgré la faiblesse de leurs revenus, les pays du continent n’ont pas échappé pas à cette vague mondiale de réformes, mais les initiatives en restent parfois à de simples effets d’annonces. Les observations se sont concentrées sur huit pays : le Burundi, le Burkina Faso, le Ghana, le Liberia, le Mali, l’Ouganda, le Rwanda et le Sénégal.
« On a constaté que dans un pays comme le Burundi, où la gratuité des soins a été annoncée sans préparation, les autorités ont modifié tout le système de santé pour qu’il s’adapte aux besoins des populations et aux exigences de la gratuité, explique Bruno Meessen. Par contre, en Ouganda, où le pays a du mal à mobiliser les ressources financières nécessaires pour financer les soins, les populations payent et ça revient parfois plus cher ».
"Écoutez vos experts !"
Le rapport, même si ses auteurs s’en défendent, tire le signal d’alarme. Dans leurs travaux, les chercheurs constatent que les promesses sur la gratuité des soins de santé interviennent souvent en période de campagne ou de pré-campagne pour une élection présidentielle. Et bien qu’ils refusent de s’immiscer dans les débats politiciens, les scientifiques appellent à une meilleure prise en compte de l’avis des professionnels de santé. Au contact des populations, ils sont plus à même d’en évaluer les besoins et de mettre en œuvre des plans d’action efficaces. « Les techniciens seraient d’un grand apport aux dirigeants pour préparer des mise en œuvres efficaces, assure Bruno Meessen. Si nous avons un message à faire passer aux politiques, c’est écoutez vos experts ! »
Sur la même lancée, l’IMT, en collaboration avec l’Unicef, le Fonds des Nations unies pour le développement (Fnuap) et les professionnels de santé d’une vingtaine de pays africains ont décidé de se retrouver à Bamako, du 17 au 19 novembre, pour réfléchir à ce qui constitue une bonne politique de gratuité des soins pour la mère et l’enfant.
Pour consulter le supplément en ligne de Health Policy and Planning ici.
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