Air France : turbulences en altitude
À la direction de la compagnie nationale française, Air France, c’est le grand remue-ménage. Quelles en seront les conséquences, au plan mondial et pour l’Afrique ?
Tout était prêt à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Hub 2012, une plateforme de correspondance flambant neuve, destinée à faciliter et à écourter le transit des voyageurs, et ainsi à accroître la compétitivité d’Air France vis-à-vis de ses concurrents européens, devait être présenté à la presse le 19 octobre.
Coup de théâtre : la veille de cette cérémonie officielle, un courrier électronique a informé les invités de son report à une date ultérieure. La raison ? Pierre-Henri Gourgeon, directeur général du groupe Air France-KLM, qui devait présider ce rendez-vous en compagnie de Pierre Graff, le PDG d’Aéroports de Paris (ADP), avait été débarqué de son poste deux jours plus tôt. Il fait manifestement les frais des mauvais résultats obtenus par la branche française d’Air France-KLM.
Au premier trimestre de l’exercice 2011-2012, le résultat d’exploitation du groupe n’a été guère brillant (– 145 millions d’euros). Gourgeon cède donc sa place à Jean-Cyril Spinetta, qui présidait jusque-là le conseil d’administration d’Air France-KLM et qui devient ainsi le PDG du groupe franco-néerlandais. Alexandre de Juniac, ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, prend quant à lui les commandes d’Air France. Sa mission : améliorer les performances financières du transporteur et réduire sa dette, estimée en juin dernier à près de 6 milliards d’euros.
Projets différés
Se profile donc une politique de réduction des coûts au sein de la compagnie. Concernera-t-elle l’Afrique et le Moyen-Orient ? Certainement, mais moins qu’ailleurs. Cette région (14 % du trafic d’Air France-KLM) étant devenue un nouveau relais de croissance pour tous les transporteurs aériens, le groupe a tout intérêt à y maintenir ses investissements. Nommé en avril 2010 à la direction de cette zone, Pierre Descazeaux, qui a pris ses fonctions en pleine crise mondiale et à une période où la concurrence s’exacerbait, notamment en Afrique, a su maintenir le cap. Certes, la compagnie a perdu environ 100 millions d’euros au premier trimestre de cette année en raison des troubles sociopolitiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, mais la reprise est amorcée. En septembre dernier, Air France a enregistré une hausse de son trafic Afrique – Moyen-Orient de 2,9 % par rapport au même mois de 2010, avec pourtant des capacités en baisse de 1,3 %. Selon le transporteur, si la destination Égypte reprend lentement, la destination Côte d’Ivoire s’est bien redressée.
Reste que des projets seront sans doute différés. En Côte d’Ivoire par exemple, la prise de participation d’Air France-KLM à hauteur de 35 % dans le capital d’Air Ivoire pour relancer la compagnie ivoirienne en 2012 pourrait prendre du retard.
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