Les Tunisiens  avaient visiblement soif de démocratie. C’est très massivement qu’ils se sont déplacés dimanche pour élire leur Assemblée constituante. La première élection libre de leur histoire, neuf mois après la révolution qui a chassé Ben Ali et donné le coup d’envoi du printemps arabe.

La commission électorale (Isie) n’a pas encore donné de chiffres de participation officiels, mais certaines sources parlent de 90% de votants. Alors que les bureaux n’étaient pas encore clos dimanche, le patron de la Commission électorale avait annoncé dans une interview donnée à Jeuneafrique.com « plus de 80% de participation ».

« Le peuple va construire une vraie démocratie », s’est réjoui le président intérimaire Fouad Mebazaa en votant à Carthage, au nord de Tunis.

« Cette affluence démontre la soif du peuple pour la démocratie », a déclaré Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahdha, favori de l’élection en votant à Tunis.

11 686 candidats

En votant dimanche, les électeurs ont désigné les 217 élus de l’assemblée constituante qui devra rédiger une nouvelle constitution et désigner un exécutif qui gouvernera jusqu’aux prochaines élections générales.

Les Tunisiens avaient le choix puisque 11 686 candidats, répartis sur 1 517 listes présentées par 80 partis et des « indépendants » (40%), étaient en liste. Alors que la parité est obligatoire, les femmes ne sont que 7% à mener des listes.

Le président américain Barack Obama a félicité les « millions de Tunisiens » qui se sont mobilisés dans un pays « qui a changé le cours de l’Histoire et lancé le printemps arabe ».

« Moins d’un an après avoir inspiré le monde, le peuple tunisien a effectué un important pas en avant. Je félicite les millions de Tunisiens qui ont voté pour la première élection démocratique du pays », a déclaré Barack Obama.

Pas de dysfonctionnement majeur

En fin d’après-midi, ni l’Isie ni les observateurs internationaux n’avaient constaté de dysfonctionnement majeur, même si Kamel Jendoubi a relevé certaines « irrégularités », notamment des « pressions sur les électeurs analphabètes » et des « SMS pour influencer le vote ».

L’enjeu de ce baptême du feu démocratique dépasse largement le cadre tunisien : au moment où la Libye célèbre « sa libération », sa réussite ou son échec enverront un signal déterminant aux peuples qui se sont soulevés dans la foulée de la révolution tunisienne.

Le dépouillement devait commencer dès la fin du vote dimanche à 19H00 (18H00 GMT) et les premiers résultats étaient attendus dans la nuit. Les résultats officiels seront annoncés mardi après-midi, a précisé le président de l’Isie Kamel.

(Avec AFP)