Constituante tunisienne – Kamel Jendoubi : « La participation a dépassé toutes nos attentes »
Le président de l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie), Kamel Jendoubi, doit désormais clore le chantier des élections qu’il était chargé d’organiser. Et ce sera aux formations politiques démocratiquement élues de prendre le relais pour que la Tunisie continue d’avancer sur la voie de la démocratie.
Jeuneafrique.com : Pour certains l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) a accompli un tour de force en Tunisie. Maintenant que sa mission s’achève, qu’en retirez-vous ?
Kamel Jendoubi : L’autosatisfaction n’a aucun intérêt, mais le résultat est important. Il est la résultante d’un travail collectif. C’est vraiment dans l’épreuve et la pression qu’on se réalise. Nous avons beaucoup douté, beaucoup débattu, nous avons été controversés, critiqués. Mais nous avons tenu bon, nous avons accompli notre programme et respecté notre calendrier. L’instabilité aussi est créatrice…
Quels sont les scénarios possibles de l’issue du scrutin ?
Tout est possible mais il s’agit d’une Constituante avec un objectif précis. La participation des citoyens a dépassé toutes nos attentes : plus de 80 % [près de 90% à la fermeture des bureaux de vote, NDLR]. C’est une victoire. La démocratie donnera une légitimité aux institutions pour parler au nom du peuple. En politique, les rapports de force se construisent et c’est ce qui adviendra. Toute tentative d’être dans un entre deux, entre démocratie et dictature, comporte un danger. Ben Ali a pratiqué l’exclusion, dont celle des islamistes… Il faut tirer des leçons de l’histoire.
Comment s’est déroulé cette journée du 23 octobre ?
Le matin, je me suis rendu dans différents bureaux de vote et toute la journée a été dédiée au contrôle des opérations. Atteindre ce taux de participation est positif, par rapport à ceux enregistrés dans des pays occidentaux. Nous n’annonceront pas de résultats intermédiaires, seulement les résultats définitifs, en terme de sièges par circonscription, après qu’ils aient été contrôlés.
Rached Gannouchi, leader du parti islamiste d’Ennahdha, menace d’en appeler à la rue si le scrutin n’est pas transparent. Qu’en est-il du déroulement du vote ?
Tout est dans la transparence et nous avons contré les tentatives de dépassements. Il n’y a pas eu de crime électoral, rien qui ne soit contre la loi. Le silence électoral [la fin de la campagne électorale, NDLR] et le principe de neutralité n’ont pas toujours été respectés par certains partis, mais l’Isie y a mis bon ordre.
Que ferez-vous après le 24 octobre ?
Récupérer le sommeil en retard et prendre le recul nécessaire afin de réflechir. Je suis proche de la société civile ; ma contribution devrait aller vers la consolidation des contre-pouvoirs, car tout ne se passe pas dans l’enceinte de l’Assemblée. Les décisions sont pesées et prises selon des coalitions politiques internes mais aussi au vu des impératifs locaux et internationaux.
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Propos recueillis à Tunis par Frida Dahmani
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