Constituante tunisienne : à Montplaisir avec les islamistes d’Ennahdha

Au siège du parti islamiste Ennahdha, dans le quartier d’affaires de Montplaisir, l’agitation politique le dispute à la ferveur religieuse. Les premiers retours quant au taux de participation sur le terrain sont encourageants.

Rached Ghannouchi, le leader de Ennahdha, a dû faire la queue pour voter à El-Menzah. © Reuters

Rached Ghannouchi, le leader de Ennahdha, a dû faire la queue pour voter à El-Menzah. © Reuters

Publié le 23 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour à 14h51

Montplaisir, quartier d’affaires de Tunis très animé en semaine, est quasiment désert le dimanche. Seul bâtiment à connaître une certaine animation, le siège du parti islamiste Ennhahda. Il est 10 heures, les portes sont grandes ouvertes et de nombreux bouquets de fleurs envahissent l’entrée. La veille, de nombreux sympathisants sont venus les déposer, ainsi que des pâtisseries, pour encourager le parti dont ils ne doutent pas de la victoire.

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Parmi les dirigeants du parti, Ajmi Lourimi reçoit, avec un sourire affable, les médias et débite un discours bien rôdé, qui se veut rassurant, passant avec aisance d’une conversation téléphonique avec des journalistes à une déclaration à la télévision marocaine 2 M. « La victoire de la Constituante est celle de tous les Tunisiens. Notre projet est démocratique et préserve les libertés », affirme-t-il. Une phrase qui revient comme un véritable leitmotiv dans sa conversation.

"On dirait une secte"

Au QG d’Ennahdha, tout le monde a déjà voté, certains même parmi les premiers, comme Lazhar à l’école du Bardo. « J’ai accompli mon devoir de citoyen mais aussi mon devoir envers Allah », dit-il avec un air extatique. Des journalistes étrangers sont parfois un peu perturbés par l’ambiance très pieuse qui règne. Tout en acceptant le café généreusement offert, une journaliste anglaise ne peut s’empêcher de murmurer discrètement à son caméraman : « on dirait une secte ».

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File d’attente devant un bureau de vote de la rue de Marseille, à Tunis, le 23 octobre 2011.

© Frida Dahmani, pour jeuneafrique.com

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Avec Ennahdha, l’islam et la politique font bon ménage. De nombreuses serviettes éponges sont suspendus dans l’attente des prières, les téléphones ne cessent de sonner, les bureaux régionaux viennent régulièrement au rapport. Partout, l’affluence est plus forte que prévue – à la commission électorale (Isie), on estime désormais que plus de 70 % des Tunisiens inscrits vont se rendre dans les bureaux de vote –  mais il est bien-sûr trop tôt pour en tirer des conclusions définitives.

Chaque conversation s’accompagne ici de nombreux et vibrants « Inch’Allah ». L’arrivée de Rached Ghannouchi, qui a voté à El-Menzah sans que les citoyens ne lui permettent d’éviter la file d’attente, est accueillie au son des applaudissements et des « Allah akbar ». Mais après quelques poignées de main, le leader islamiste s’empresse de rejoindre sa garde rapprochée qui l’attend pour un premier point. La journée s’annonce longue.

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