Tunisie : la Constituante vue par d’anciens proches de Bourguiba

Acteurs et témoins de la première république, des routiers de la politique tunisienne décryptent les enjeux de l’élection pour la Constituante.

Béji Caïd Essebsi, chef de l’exécutif de transition. © AFP

Béji Caïd Essebsi, chef de l’exécutif de transition. © AFP

Publié le 23 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Connaissant leur Tunisie sur le bout des doigts, les vétérans de la politique tunisienne, pour la plupart compagnons de Bourguiba, se rejoignent sur la nécessité de réussir l’élection de cette Assemblée constituante devant conduire à l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Mais les figures les plus en vue, Béji Caïd Essebsi, chef de l’exécutif de transition, et Yadh Ben Achour, président de la Commission supérieure pour les réformes politiques, divergent.

Pour le premier, rater le rendez-vous du 23 octobre serait un camouflet : « Si nous n’y arrivons pas, notre gouvernement et la révolution auront échoué. » Le second est plus prudent : « Il faut vraiment être naïf pour croire qu’avec une nouvelle Constitution et un nouveau gouvernement, les problèmes économiques et sociaux seront résolus par un coup de baguette magique. »

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"Tester la maturité du pays"

En position d’observateur, Rachid Sfar, ancien Premier ministre de Bourguiba, estime que « ces élections permettront de tester la maturité politique du pays, car la démocratie exige un minimum d’art du compromis ». Et de lancer un avertissement aux formations politiques : « Elles doivent expliciter en détail leur approche de la Constitution en termes d’organisation du pouvoir, des libertés, du système judiciaire, des rouages de l’État. Ensuite, on peut avoir la meilleure Constitution qui soit, c’est toujours son application qui compte. »

Pour sa part, Ahmed Ben Salah, père du Mouvement de l’unité populaire (MUP), insiste sur la consultation du peuple : « Il est nécessaire de valider la Constitution par un référendum. » Ahmed Mestiri, fondateur du Mouvement des démocrates socialistes (MDS), avertit, lui, des risques d’une contre-révolution : « Désormais, c’est aux jeunes qui ont fait la révolution de prendre les choses en main. »

"République des valeurs"

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Mustapha Filali, candidat indépendant et témoin de la première Constitution, positionne le débat autrement : « La révolution que nous vivons pourrait être le point de départ d’un humanisme capable d’éclairer le monde arabe. Comme nous nous accordons tous sur les impératifs du développement, autant mettre des valeurs humanistes au cœur de la Constitution ; nous aurions une république des valeurs et non des institutions. L’essentiel est de dépasser les querelles partisanes et d’éviter un État bicéphale ou de donner les pouvoirs à un seul homme. Nous ne devons pas reproduire nos erreurs. » C’est en effet une belle feuille de route.

 

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