Affaire Malick Seck : Ousmane Tanor Dieng et Macky Sall dénoncent un verdict injustifié
Jeudi, le tribunal des flagrants délits de Dakar a condamné Malick Seck, le leader de Convergence socialiste, à deux ans de prison ferme. Il avait été arrêté la semaine dernière après avoir déposé une lettre menaçante au Conseil constitutionnel. La défense a fait appel. Macky Sall, leader de l’Alliance pour la république (APR) et Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Parti socialiste, réagissent à ce verdict. Interview croisée.
Jeuneafrique.com : Que pensez-vous de ce verdict ?
Ousmane Tanor Dieng : Ce verdict est trop sévère et disproportionné car Malick Seck a exprimé une opinion en tant que responsable politique et à mon avis les termes de sa lettre ne tombent pas sous le coup de la loi sénégalaise. C’est de l’intimidation à l’égard d’un acteur politique. D’ailleurs, le jour du procès ma maison était entourée par des nervis.
Si Malick Seck n’est pas libéré en appel, il sera considéré comme un prisonnier politique.
Macky Sall : C’est un verdict injustifié par rapport au délit commis. C’est un délit d’opinion, même s’il est vrai que Malick Seck n’aurait pas dû se présenter au domicile du président du Conseil constitutionnel. Dans ce pays des gens ont commis des choses plus graves et ne sont pas inquiétés. S’il n’est pas libéré en appel, il sera considéré comme un prisonnier politique. C’est un procès pour l’exemple.
Comment allez-vous réagir ?
Ousmane Tanor Dieng : Nous allons exercer les pressions nécessaires au niveau interne et international pour que Malick Seck soit libéré. Nous allons rencontrer des organismes chargés des droits de l’homme. Ce matin [vendredi, NDLR] nous avons rencontré l’Union Européenne dans le cadre d’une rencontre classique et nous avons évoqué cette affaire. Nous organiserons des manifestations, des sit-in, pour sensibiliser les populations.
Macky Sall : Cette affaire est le signe d’une tentative d’intimidation de la part du pouvoir mais en face ils trouveront une réaction déterminée. Déjà, nous condamnons sans réserve, nous exigeons sa liberté et si le pouvoir n’entend pas raison lors de l’appel alors nous manifesterons dans la rue.
C’est comme si le pouvoir voulait créer le chaos pour mettre en place l’état d’urgence.
Craignez-vous des violences ?
Ousmane Tanor Dieng : Nous ne craignons pas des émeutes. Nous allons réagir sur la base de ce que nous permettent la loi et la Constitution. Si en face le pouvoir veut utiliser la force, il sera responsable. C’est comme s’il voulait créer le chaos pour mettre en place l’état d’urgence. L’objectif est de nous intimider et ça ne passera pas.
Macky Sall : Tout ce que les gens demandent, c’est la tenue d’élections libres et transparentes au Sénégal. Il peut y avoir des débordements, si la sentence contre Malick Seck est donnée à titre d’exemple.
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Propos recueillis par Aurélie Fontaine, à Dakar
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