Libye – États-Unis : Condoleezza Rice, la « princesse africaine » de Kadhafi

Les rapprochements diplomatiques se traduisent aussi par des rapports humains plus étroits. C’est ce qu’a appris à ses dépends Condoleezza Rice, en 2008, lors d’une visite officielle en Libye. Dans ses Mémoires, l’ancienne Secrétaire d’État américaine raconte sa rencontre plutôt originale avec Mouammar Kadhafi.

Condoleezza Rice et Mouammar Kaddafi à Tripoli, le 5 septembre 2008. © Mahmud Turkia/AFP

Condoleezza Rice et Mouammar Kaddafi à Tripoli, le 5 septembre 2008. © Mahmud Turkia/AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 21 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Les relations entre la Libye et les États-Unis n’ont pas toujours été orageuses. Après que Tripoli a renoncé à se doter d’armes de destruction massive, Washington avait même aidé la Libye à réintégrer le concert des nations.

Dans un extrait de ses Mémoires, l’ancienne secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice revient sur cette période… et sur une entrevue très chaleureuse avec l’ancien dictateur libyen. Intitulé « No Higher Honor » (« Pas de plus grand honneur »), l’ouvrage de Rice doit paraître le 1er novembre aux États-Unis, mais l’éditeur en a – fort opportunément – publié jeudi un extrait  à l’occasion de la mort de Kadhafi.

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L’ancienne chef de la diplomatie de George W. Bush raconte notamment l’accueil plus que sympathique que lui avait réservé le colonel dans sa résidence de Tripoli, en septembre 2008. « Kadhafi avait une fascination assez étrange à mon endroit, demandant à des visiteurs pourquoi sa "princesse africaine" ne lui rendait pas visite », écrit l’ancienne diplomate.

L’aspect "dément" de Kadhafi

Le comportement un peu cavalier du « Guide » – dont on sait l’attrait qu’il éprouvait pour les jolies femmes – n’inquiétait pas Rice outre mesure : elle avait été avertie avant l’entretien de ne pas s’offusquer de l’aspect « dément » du colonel. Mais elle n’en a pas moins été surprise de constater ses sautes d’humeur.

« Il s’est soudain arrêté de parler et s’est mis à rouler la tête d’avant en arrière. "Dites au président Bush d’arrêter de parler d’une solution à deux États pour Israël et la Palestine. Il faut un seul Etat, l’Israëltine", aboya-t-il », raconte la diplomate. Et les choses se corsent encore plus.

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"Une fleur noire à la Maison blanche"

« Il n’a pas dû apprécier ce que j’ai dit après ça. D’un coup de colère, il a mis deux interprètes à la porte. Tout va bien, me suis-je dit, c’est ça Kadhafi… », explique « Condi ». Finalement le dictateur se radoucit et l’invite à dîner dans sa cuisine privée. Il lui offre alors un album de photos où elle pose avec des dirigeants du monde entier. Signe qui ne trompe pas – au cas où la secrétaire d’0201tat ne se serait toujours pas méfiée : en fond sonore, Kadhafi fait jouer « Une fleur noire à la Maison Blanche », un morceau écrit spécialement pour elle par un compositeur libyen…

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« C’était bizarre, mais au moins ça n’avait rien de torride », commente sobrement l’intéressée. « Je suis ressortie de cette visite en réalisant à quel point Kadhafi vivait dans sa bulle », confie-t-elle. « Je me demandais s’il comprenait vraiment ce qui se passait autour de lui. Et j’étais très contente que nous l’ayons dépossédé de ses armes de destruction massive. Là, dans son bunker, il n’aurait sûrement jamais hésité à s’en servir en dernier recours ». Une phrase qui fait plutôt froid dans le dos…

(Avec AFP)

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