Dans l’attente de l’élection de la Constituante, la Tunisie renoue avec la fièvre révolutionnaire

Le 23 octobre, le monde entier aura les yeux rivés sur la Tunisie pour l’élection de son Assemblée constituante. Dans la dernière ligne droite de la campagne, les partis politiques sont à pied d’oeuvre pour lutter contre l’abstention, tandis que les débats démocratiques fleurissent au coin des rues. Reportage.

La Tunisie vote librement pour la première fois de son histoire le 23 octobre. © Fethi Belaïd/AFP

La Tunisie vote librement pour la première fois de son histoire le 23 octobre. © Fethi Belaïd/AFP

Publié le 21 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

À Tunis, même l’annonce de la mort de Mouammar Kadhafi, pourtant saluée par les klaxons des réfugiés libyens, ne suscite pas vraiment d’intérêt. Avec fébrilité, tout le monde se focalise sur les dernières 24 heures de la campagne électorale. Avec, en avant goût de ce qui les attend, l’émotion du vote des Tunisiens de l’étranger – le premier véritablement libre de leur histoire.

« C’est magnifique et énorme, une avancée inimaginable ! » lance une adhérente du Pôle démocratique qui, depuis une semaine « fait du terrain pour conquérir les indécis ». Toutes les formations n’ont plus que ça en tête : convaincre les récalcitrants pour vaincre l’abstention tant redoutée. C’est du jamais vu en Tunisie : les candidats écument les marchés, les citoyens les haranguent sans complexes et sans peur…

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Dans la chasse au vote, après les banlieues démunies, les islamistes du parti Ennahda investissent les beaux quartiers en faisant du porte à porte – une démarche prosélyte pourtant interdite. Les « progressistes » ont quant à eux repris du poil de la bête après le succès de l’initiative citoyenne « Aatakni » : des marches pour les libertés qui ont fortement mobilisé dans les principales villes du pays.

Violence mal contenue

Quelques échauffourées éparses pimentent la campagne, révélant la violence mal contenue d’individus souvent désignés comme « salafistes », pour qui les élections sont impies. « C’est de la manipulation pour faire peur aux sympathisants d’Ennahdha », rétorque un commerçant…

Sur tous les médias, les passes d’armes entre candidats vont bon train, chacun y allant de sa petite formule qui fera mouche. Ettakatol, le Pôle démocratique, le Parti démocratique progressiste (PDP) ainsi que les indépendants de Doustourna brocardent les prises de position du leader d’Ennahdha, Rached Gannouchi, qui a menacé de déstabiliser le gouvernement en cas de fraude au scrutin, avant de se rétracter.

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Renouant avec les débats, la rue retrouve des allures révolutionnaires. Une belle euphorie s’installe, non dénuée d’anxiété. Les citadins font des stocks de provisions, par crainte « de ce qui peut arriver le 24 octobre ». Mais d’autres – beaucoup d’autres -, ne pensent qu’à la grande fête démocratique qui s’annonce.

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