Tunisie : ils n’iront pas voter à l’élection de l’Assemblée constituante

L’acte deux de la révolution tunisienne se jouera dans le huis clos des isoloirs lors de l’élection de l’Assemblée constituante. Mais 51 % des Tunisiens éprouvent un désintérêt pour la politique et certains d’entre eux ne se rendront pas aux urnes. Une abstention qui met en péril le scrutin du 23 octobre.

Seuls 7 % des Tunisiens font confiance aux partis politiques. © AFP

Seuls 7 % des Tunisiens font confiance aux partis politiques. © AFP

Publié le 20 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Lina Ben Mhenni, cyberactiviste et égérie de la révolution tunisienne, ne votera pas pour l’élection de la Constituante le 23 octobre. Elle entend  par ce geste signifier ses doutes quant aux intentions des politiques. Comme elle, selon des sondages d’opinion, quelque 15 % des 7,5 millions électeurs potentiels devraient bouder les urnes pour la constitutante, soit autant que les électeurs de la circonscription de Zaghouan, représentée par 5 sièges.

Lzs facteurs responsables des intentions d’abstention sont divers : un paysage politique complexe, un manque de confiance et une absence de culture politique. « Même en suivant les événements de près, je suis dépassé. Les politiques sont déchaînés, c’est une tour de Babel et une foire d’empoigne. Tout cela me laisse très sceptique », affirme Nabil, un médecin de Sousse. De son côté, Maher, un étudiant, avoue être dépassé par les enjeux du scrutin : « Voter pour qui ? Si c’est pour voter blanc, autant rester chez soi ».

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Échaudés, seuls environ 7 % des Tunisiens font confiance aux partis politiques. « Comment voter pour ceux qui, dans cette course à la Constituante, oublient le pays ? Ils ont été incapables de se fédérer autour de valeurs communes pour nous simplifier les choses », assène Monia.

Désenchantement

Mahmoud, un commerçant, surenchérit :« En fait, j’ai déjà voté ; en ne m’inscrivant pas sur les listes électorales. Les politiques se trompent d’élections : en prenant la constituante pour des législatives, ils montrent leur incapacité. Nous attendions des visions sur la Constitution, nous avons eu droit à des programmes politiques ! »

D’autres n’y croient tout simplement pas. Certains, désenchantés comme Mourad, enseignant, pensent que « c’est encore une mascarade pour légitimer un plan qui dépasse le simple citoyen » ; d’autres avouent ne pas comprendre le processus. « Le mode de scrutin est trop complexe ; en votant, je risque de privilégier ce dont je ne veux pas, je préfère m’abstenir », confie Samira. 

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Les mêmes réticences sont perceptibles chez les jeunes, tandis qu’une minorité, proche des salafistes, assure que voter « est un pêché ». Il reste quelques heures pour réconcilier les méfiants de la politique avec les urnes. « Il faut arrêter de voir le loup où il n’est pas ! On a deux loups, Ennahdha et l’abstention. Il faut faire tout ce qui est possible pour barrer le premier, en réduisant la seconde », assène l’économiste Cyril Ghislain Karray qui appelle à voter utile, voter pour élire.

 

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