Le Maroc ouvre une enquête après la mort suspecte d’un manifestant
Mohammed Boudouroua a-t-il été bousculé par la police, ou s’est-il jeté volontairement d’un toit où il faisait un sit-in avec des amis proches du Mouvement du 20 février ? Les autorités marocaines ont ouvert une enquête.
Les autorités marocaines ont ouvert une enquête jeudi après la mort d’un chômeur de 38 ans, tombé d’un toit à Safi au sud de Rabat, a annoncé l’agence officielle d’informations (MAP). Les circonstances de la mort de ce militant du Mouvement du 20 février, font l’objet de versions contradictoires.
Deux scénarios s’opposent : selon des témoins, Mohammed Boudouroua a été bousculé par la police dans la nuit de mercredi à jeudi alors qu’il participait avec des camarades à un sit-in sur le toit d’un immeuble abritant l’Agence de l’Emploi (Anapec) dans la ville de Safi, à 150 km au sud de Rabat. Une version démentie par une source policière.
Selon cette source qui a confirmé le décès du militant, l’homme se serait « lui-même jeté du toit ». « Il avait menacé de s’immoler par le feu », et « il s’est lui-même jeté du toit de l’immeuble où il tenait avec ses camarades un sit-in depuis deux jours », a-t-elle assuré.
Sit-in sur un toit
Hakim Sikouk, enseignant et militant à l’Association marocaine des droits de l’homme, donne une tout autre version des faits : « Mohammed Boudouroua, 38 ans, est décédé, poussé par un policier (…), en tombant du toit de l’immeuble », affirme-t-il.
Selon un autre témoin, proche de la victime, Mohammed Boudouroua « participait à un sit-in sur le toit de l’Anapec, avec des camarades lorsque le groupe a été cerné cette nuit par une dizaine d’estafettes ».
Toujours selon ce témoin, « le groupe a alors été interpellé par un agent de la sûreté qui leur a lancé du bas de l’immeuble: "que le meilleur d’entre vous se brûle ou se jette si vous êtes courageux " ».
Squat d’immeuble
« Pendant ce temps, les policiers sont montés en courant, ont poussé Mohammed qui est tombé droit sur sa tête, et ont arrêté trois autres personnes qu’ils ont menottées, puis interrogées avant de les abandonner sur la route, au nord de la ville de Safi », ont encore dit des proches de la victime.
Le MAP a précisé que l’immeuble de l’Anapec était « squatté de manière illégale depuis le 5 octobre par trois individus » et qu’un huissier les avait averti d’un jugement rendu pour évacuer les lieux.
Détenteur de sept diplômes techniques, la victime était membre d’une « coordination », proche du Mouvement du 20 février, qui manifeste régulièrement au Maroc pour revendiquer « le droit au travail ». Des militants du Mouvement se sont rendus vendredi à la morgue de l’hôpital de Safi pour accompagner la famille, selon ces sources.
(Avec AFP)
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