Coton : les producteurs africains dans le doute

Si les prix de la dernière campagne ont redonné de l’espoir à une filière sinistrée, les perspectives sont encore trop incertaines pour crier victoire.

La hausse des cours du coton a moins profité à l’Afrique qu’aux pays occidentaux. © AFP

La hausse des cours du coton a moins profité à l’Afrique qu’aux pays occidentaux. © AFP

Publié le 13 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Les acteurs de la filière cotonnière étaient réunis le 6 octobre à Deauville, lors de la réunion annuelle organisée par l’Association française du coton (Afcot). Perspectives de production, de consommation, obstacles à la filière… L’occasion d’échanger les points de vue et d’obtenir les dernières tendances. Avec un focus particulier cette année sur la filière africaine.

Si elle a repris des couleurs face à des niveaux de prix record sur la campagne 2010-2011, l’incertitude demeure pour la prochaine campagne. Les niveaux de production devraient cependant augmenter de 5% sur le continent, et les surfaces passer de 1,3 million d’hectares à 1,7 million. La part du coton africain sur le marché mondial devrait de fait augmenter, passant de 4 à 5%.

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Invitée d’honneur de la réunion, l’Association cotonnière africaine (ACA), qui fêtera l’année prochaine ses dix ans d’existence. Pour son président, le Sénégalais Ahmed Bachir Diop, par ailleurs DG de la Sodefitex, la présence de l’ACA est tout un symbole. Il a d’ailleurs appelé de ses vœux le renforcement des liens de son association avec les différents organismes mondiaux, afin de mieux valoriser le coton africain auprès des partenaires commerciaux.

Plan stratégique

Lors de son arrivée à la tête de l’association en 2010, Ahmed Bachir Diop a lancé un plan stratégique pour notamment améliorer la qualité du coton. « Nous avons été attaqué injustement sur la qualité de notre coton, explique-t-il, il était soi disant contaminé ». Au cœur de l’affaire, des résidus de plastique retrouvés dans les fibres qui aurait dégradé la qualité – pourtant réputée – de l’or blanc africain. « Nous avons lancé un programme d’élimination des sacs et emballages en plastiques. À la Sodefitex, par exemple, nous les avons remplacé par des sac en coton », poursuit-il.

Autre chantier auquel s’attèle l’association : déposer une plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les subventions américaines, comme le Brésil qui a finalement eu gain de cause et a été indemnisé. Ahmed Bachir Diop laissera son fauteuil de président en 2012, au directeur général de la Sodécoton (Cameroun), Mohamed Dia.

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3 Questions à Ahmed Bachir Diop

La hausse des prix du coton pour la dernière campagne profite-t-elle aux cotonculteurs africains ?

Je pense malheureusement que les pays industrialisés ont été bien plus réactifs que nous, et ont pu augmenter rapidement leurs surfaces pour bénéficier au maximum des prix du marché. Nous avons trop tardé, et on ne sait pas si les prix vont rester élevés.

Justement, que pensez-vous de la brutale chute des cours (-40% depuis avril), de leur volatilité et de l’incertitude qui en découle à court terme ?

Je crois que nous resterons à des niveaux supérieurs aux coûts d’exploitation. Il le faut. Disons que jusqu’à 0,8-0,9 dollars, on s’en sort, mais pas plus bas.

Que faut-il faire pour soutenir les cotonculteurs en cas de nouvelle crise ?

Nous devons remettre en place des instruments de lissage : les périodes de prix favorables permettent de soutenir les producteurs en cas de chute des cours. Mais nous sortons à peine la tête de l’eau, nous n’avons pas encore eu le temps de mettre en place ces fonds de soutien.

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Propos recueillis par M.P.

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