Égypte : « le processus de transition est favorable à l’explosion des tensions communautaires »

Alors que les affrontements entre forces de l’ordre et la minorité copte ont fait 25 morts dimanche, la crainte d’une déstabilisation politique et d’une aggravation des tensions est renforcée en Égypte. Et l’annonce de la démission du vice Premier-ministre ne va pas rassurer les esprits.

Funérailles le 10 octobre 2011 dans la cathédrale copte du Caire des manifestants tués la veille. © Mohammed Hossam/AFP

Funérailles le 10 octobre 2011 dans la cathédrale copte du Caire des manifestants tués la veille. © Mohammed Hossam/AFP

Publié le 11 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Première conséquence politique des violences qui ont ensanglanté l’Égypte dimanche : le ministre égyptien des finances et vice Premier ministre, Hazem Beblawi, a démissionné. « Il n’y a peut-être pas de responsabilité directe du gouvernement dans cela, mais la responsabilité est la sienne au final », s’est expliqué le ministre, dont les propos ont été relayés par l’agence Mena.

Alors que les élections législatives débuteront le 28 novembre, la crainte d’une déstabilisation politique, suite  aux affrontements entre les forces de l’ordre et des coptes (minorité chrétienne) dimanche, gagne nombre d’Égyptiens. A l’issue d’une réunion de crise, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a d’ailleurs dénoncé « les efforts de certains pour détruire les piliers de l’État et semer le chaos ».

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Mais qui sont ces supposés responsables, pour ne pas dire coupables ? Les versions quant aux évènements diffèrent. Pour une partie des Égyptiens, les coptes seraient à l’origine de ce drame. D’autres encore parlent d’éléments extérieurs, de « voyous » infiltrés dans cette manifestation qui visait à protester contre l’incendie d’une église copte dans le gouvernorat d’Assouan.

Cette dernière version serait « celle du gouvernement et de l’armée, qui cherche à justifier la vingtaine de morts », selon Jean-Noël Ferrié, chercheur au CNRS spécialiste de l’Égypte.

"Il ne s’agit pas d’un complot militaire"

« Une autre explication est avancée, et paraît plus proche des faits : il y a eu une provocation de l’armée vis-à-vis des coptes sur un lieu de culte, destinée à créer un problème confessionnel », analyse le chercheur.

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Selon lui, les vainqueurs de la révolution de janvier étant les islamistes, l’armée et les Frères musulmans, la situation est désormais défavorable à la minorité copte.

Pour autant, « il ne s’agit pas d’un complot militaire. L’armée ne cherche pas à retarder les élections en vue de conserver le pouvoir, elle préfère s’allier avec les frères musulmans et ainsi obtenir une position stratégique », poursuit Jean-Noël Ferrié.

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Les Coptes, qui représentent de 6 à 10% des Égyptiens, s’estiment discriminés dans une société en grande majorité musulmane. « Ils apparaissent comme étant en trop dans le paysage, et si ce sentiment ne date pas d’hier, son expression est sans doute renforcée suite à l’ouverture politique et à la victoire des islamistes contre Hosni Moubarak ». « Si les violences ne sont pas la conséquence de la révolution égyptienne, le processus de transition est favorable à l’explosion des tensions communautaires », conclu Jean-Noël Ferrié.
 

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