Primaires du PS : chronique d’un vote annoncé

Fawzia Zouria

Publié le 11 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Le 9 octobre dernier, dans ma petite famille établie en bord de Seine, moitié arabe, moitié « de souche », les Primaires françaises ont chauffé les esprits et mis de l’ambiance. Installés sous le toit du Parti socialiste pour ne plus avoir à essuyer les mauvaises tempêtes du sarkozysme, nous nous sommes concertés sur le nom du candidat à choisir. Et chacun y alla de ses arguments.

Mon mari, ancien soixante-huitard et indécrottable admirateur du hors piste nous a surpris en soutenant qu’il n’y pas de meilleure option que Valls, non qu’il s’aligne sur son programme, ni qu’il jalouse sa jeunesse, mais parce que le bouillonnant Manuel apporte de la contradiction, flirte avec la droite sans craindre de provoquer le scandale. Ma fille a déclaré que pour une fois qu’il y a des femmes dans la course, elle ne manquera pas de donner sa voix à l’une de ses sœurs, Martine ou Ségolène. Pile ou face, c’est Martine !

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Certes, la maire de Lille ne ressemble pas aux mannequins filiformes de Biba, elle a un embonpoint qui l’empêcherait de s’asseoir joliment sur le devant de la République, mais elle le vaut bien. Et un bulletin pour les féministes ! J’ai avoué, quant à moi, que j’avais un faible pour Arnaud Montebourg. Pourquoi, maman ? Parce qu’il a une grand-mère arabe, ma foi ! La tribu, c’est génétique. Mon fils a répliqué que c’est un argument « débile ».

Je le soupçonne de vouloir à tout prix se démarquer de ses géniteurs – il paraît que ça fait grandir. Mais enfin, ce n’est pas en traitant le raisonnement de sa mère de « débile » qu’il va gagner quelques centimètres. J’ai renchéri en défendant le discours ouvert de l’avocat, la couleur de peau de sa compagne, cette charmante Audrey qu’on voit le soir en décolleté chez Arthur et le jour en bonnet de pauvre aux côtés de son mari.

Allure de "prince premier"

Mon fils a dit que l’allure de « prince premier » de Montebourg et ses joutes oratoires ne lui plaisaient pas. Il donnerait sa voix à celui qu’il juge sincère et compétent, fût-il juif ou noir. Adieu la tribu ! Donc ? Il choisit Valls comme son père. À croire que le vote Valls est une affaire d’hommes. Et mon fils de revenir à la charge. Il n’a pas d’états d’âmes quant à l’ascendance des candidats ; lui, ce qu’il veut, c’est un type qui lui trouve une solution au chômage des jeunes et qui lui fasse gagner de l’argent. Je me suis fâchée en disant que s’ils continuaient tous à dédaigner mes sentiments « claniques » et mon goût du terroir, je voterais Baylet. Tout le monde a ri et nous avons pris le chemin des urnes.

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En route, j’ai pensé que dans quelques jours auront lieu les élections dans mon terroir natal, la Tunisie. Sous quelle liste vais-je trouver refuge, pour qui vais-je voter et quel candidat nous épargnera la tempête sur les toits de Carthage ? J’ai bien peur d’avoir transféré toute ma fougue « électrice » vers mon pays d’accueil, à défaut d’y croire vraiment dans mon pays de naissance. Mais quand l’assesseur a mis mon bulletin dans l’urne et a clamé «  a voté ! », j’ai eu le sentiment de n’avoir accompli que la moitié de la tâche.

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