Libye : le village natal de Kadhafi passe sous le contrôle du CNT
Après plus d’une semaine de combats, le village natal de Mouammar Kadhafi est tombé aux mains des combattants libyens pro-CNT. Mais Syrte résiste toujours, et la situation humanitaire y est très dégradée.
Ils recherchaient une victoire symbolique : ils l’ont obtenue. Les combattants du Conseil national de transition (CNT) se sont emparés lundi du village natal de Mouammar Kadhafi. Qasr Abou Hadi, situé à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Syrte, est tombé après une semaine de combats acharnés et de frappes de l’Otan qui ont forcé la plupart de ses habitants à fuir.
« Abou Hadi est totalement libre », a dit le docteur Taha Soultane dans un hôpital de campagne implanté dans la banlieue est de Syrte. « Notre équipe médicale est revenue du village et nous a dit qu’il a été libéré », a-t-il précisé.
Pendant ce temps à Syrte, sur la côte (360 km à l’est de Tripoli), les combats à la roquette et à la mitrailleuse se poursuivent. « Les hôpitaux sont pleins d’hommes en armes, ils [les pro-Kadhafi, NDLR] ont aussi des salles de commandement à l’intérieur parce qu’ils savent que nous ne visons pas les hôpitaux. Mais eux tirent depuis les hôpitaux ou les universités, ils ne respectent rien », a-t-il accusé.
"À Syrte, la situation est dramatique"
Les combattants s’attendaient lundi à une vaste offensive, qui n’a pas été confirmée de source militaire. Le vicaire apostolique du Vatican en Libye, Mgr Giovanni Innocenzo Martinelli, qui a le rang d’évêque, s’est exprimé publiquement pour appeler les Européens à accueillir des milliers de civils libyens blessés. « À Syrte, la situation est dramatique. Une trêve est nécessaire », a déclaré le vicaire qui s’est toujours montré très critique sur les raids aériens de l’Otan.
Parallèlement, la situation de certains migrants a commencé à s’améliorer. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé l’évacuation par la route de plus de 1 200 migrants, en majorité Tchadiens, qui étaient bloqués depuis juin dans un centre de transit à Sebha, ex-bastion pro-Kadhafi, pris fin septembre par les pro-CNT. Ceux-ci voyageront pendant une semaine par camion jusqu’à Zouarké, à la frontière entre le Tchad et le Niger, avant d’être rapatriés dans leurs pays respectifs.
Enfin, à Tripoli, le CNT a finalement renoncé à former un gouvernement complet, préférant remanier légèrement l’exécutif provisoire à la tête duquel le chef de la diplomatie libyenne, Mahmoud Jibril, a été reconduit. Mais celui-ci maintient son intention de démissionner de ses fonctions dès la totale « libération » du pays.
"Soutien du peuple"
Lundi soir, près de 400 personnes, dont de nombreux combattants du CNT, se sont rassemblées sur la place des Martyrs à Tripoli, pour exprimer leur soutien à cet exécutif et à ses dirigeants. « Il est important que les gens sachent que le CNT a le soutien du peuple », a déclaré un des manifestants, Misham Alwindi, 24 ans, brandissant le nouveau drapeau libyen. « Nous sommes contre les divisions et les extrémismes de tout bord », a-t-il ajouté.
À Bruxelles, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a pour sa part exhorté le CNT à « sécuriser », « contrôler » et « détruire » les stocks d’armes de l’ancien régime. Ais il n’a pas souhaité commenter les informations selon lesquelles des milliers de missiles anti-aériens SAM-7 seraient portés manquants en Libye.
(Avec AFP)
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