Présidentielle au Cameroun : les jeunes du RDPC entrent en campagne
Le taux de participation des jeunes à la présidentielle du 9 octobre est l‘un des enjeux de l’élection. Le parti de paul Biya, le RDPC, l’a bien compris, même s’il reste discret sur les moyens déployés.
Présidentielle camerounaise : Paul Biya, jusqu’à quand ?
Au palais des Congrès de Yaoundé, en cette fin septembre, l’ambiance est assourdissante. L’endroit, qui domine la ville, abrite le siège du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). À l’entrée, la sono diffuse un air de musique à la gloire du président camerounais Paul Biya, candidat à sa propre succession pour la présidentielle du 9 octobre. « Paul Biya, toujours en avant, Paul Biya, Père de la nation » répète la chanteuse. En haut des marches, quelques jeunes militants vendent casquettes et chapeaux et écharpes à l’effigie de « l’Homme-lion ».
La participation des jeunes, c’est justement l’un des enjeux de l’élection puisque la moitié de la population a moins de 20 ans. Selon le président d’une section locale de jeunes RDPC, ils représenteraient 60 % des 7,5 millions d’inscrits sur les listes électorales. Pourtant, la campagne des jeunes militants RDPC, âgés de 15 à 35 ans, a démarré en pente douce.
Rythme de croisière
« La campagne n’a pas encore atteint son rythme de croisière », confie Francis Alembe, 31 ans. Et le nouveau secrétaire de l’organisation des jeunes militants RDPC (OJ-RDPC) de poursuivre : « On assiste à des meetings et des débats, mais la campagne battra son plein à partir du 3 octobre ». L’air gêné, Francis Alembe ne se mouille pas trop et oriente les journalistes vers la direction des Organes de presse, de l’information et de la propagande (OPIP). « Il n’y a pas de campagne spécifique organisée par les jeunes, ils font partie de toutes les commissions aux niveaux départemental et communal », nuance Longin Cyrille Avomo, « journaliste » à l’OPIP.
Comme les femmes, les jeunes ont une organisation propre au sein du parti mais ils sont intégrés au dispositif général de campagne. Difficile donc de connaître le budget dont ils disposent. « Comme les autres partis, le RDPC a reçu 500 millions de F CFA en 2011 au titre du financement public des partis politiques », détaille simplement Longin Cyrille Avomo.
Des jeunes militants, on en trouve beaucoup au 4e étage du siège du RDPC, au sein de la rédaction de l’Action, le journal du parti. La moyenne d’âge des 18 « journalistes » s’élève à… 23 ans. Benedict Ndinwa en fait partie. Il soutient « à 100% les thèses du RPDC ». À ses yeux, Paul Biya a beaucoup fait pour le pays : « Il a dû faire face à beaucoup de contraintes financières dès son arrivée au pouvoir, suite à la crise des années 80. Mais, le président vient de l’annoncer, en janvier, tout le pays sera en chantier, cela va créer de l’emploi ! »
Membres de la jeunesse du RDPC, à Bertoua (est), en février 2010.
© est-cameroun.com
"La politique, ce n’est pas pour tout le monde !"
Le jeune militant, originaire du nord-ouest du Cameroun, est intarissable sur les chantiers engagés par Paul Biya. Benedict Ndinwa cite la naissance d’une université d’État à Bamenda, la construction d’une route entre Nkambé et Bamenda, d’un barrage à Menchum, d’un hôpital « de référence » à Bamenda… Le chômage des jeunes ? « C’est un problème global que même les États-Unis connaissent ! » Le désintérêt de la population pour une élection qui se déroule pourtant au suffrage universel ? « La politique, un chauffeur de taxi n’y comprend rien, ce n’est pas pour tout le monde ! »
Pas sûr que ce discours donne envie d’aller voter aux jeunes. Croisés dans la rue, plusieurs d’entre eux clament : « On sait que les dés sont déjà jetés pour cette élection, on ira voter le jour où on parlera vraiment d’alternance ». Alors, pour convaincre les indécis ou les sceptiques, les jeunes militants du RDPC iront sur le terrain, « au contact », pendant toute la semaine. Au programme : porte à porte, distribution de professions de foi, d’effigies du président et discussions.
Ce n’est pas un hasard si le pouvoir a multiplié les signes en direction des jeunes ces derniers mois. En février 2008, après une manifestation des chauffeurs de taxi contre la hausse des prix du carburant, ceux-ci avaient été en première ligne des émeutes.
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Par Matthieu Cotinat, à Yaoundé
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