Maroc : Abdelilah Benkirane, un homme qui sait parler aux femmes ?

À la mi-septembre, le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane, s’est exprimé devant un parterre du Women’s Tribune, une association féministe marocaine. Et ses propos n’ont pas laissé les convives indifférentes. Récit.

Abdelilah Benkirane, premier ministre marocain. © AFP

Abdelilah Benkirane, premier ministre marocain. © AFP

Publié le 30 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Abdelilah Benkirane, le leader islamiste marocain discourant tout un après-midi devant un parterre de femmes de la bonne bourgeoisie marocaine. L’évènement qui n’est pas banal nourrit des spéculations diverses et variées sur l’avenir immédiat du Parti de la justice et du développement (PJD). Simple examen de passage, initiative destinée à préparer son arrivée au gouvernement, opération visant au contraire à susciter répulsion et rejet des barbus… Voici les faits.

La rencontre a eu lieu à Rabat le vendredi 16 septembre dans une élégante villa avec vue imprenable sur le Bouregreg. La maîtresse des lieux est Fathia Bennis qui a été patronne de la bourse de Casablanca puis de l’Office marocain du tourisme avant de diriger Maroclear, une société d’investissement. Elle anime parallèlement Women’s Tribune une association qui lutte pour la parité et qui a organisé un colloque international en 2010 à Essaouira auquel avaient participé des stars de la politique et des médias dont Ségolène Royal.

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À défaut d’aller au peuple

À la veille des élections, ces féministes mondaines ont senti le besoin de s’intéresser davantage à la politique. À défaut d’aller au peuple, elles ont invité les partis à présenter leur programme. « C’est le chef du PJD qui a dégainé le premier », confie Salwa Benabdellah, l’une des animatrices de l’association. La rencontre a duré de 17 heures à 20 heures 30. En ouvrant la discussion, Fathia Bennis a précisé que l’objectif était de connaître le parti islamiste « tel qu’il est, loin des mythes et des fantasmes ».

Abdelilah Benkirane a salué le « courage » de son hôte, puis évoqué l’histoire tumultueuse des islamistes avant leur accès à la légalité. Il n’a pas manqué de souligner leur attachement aux institutions, « la monarchie étant inséparable de la nation marocaine ». À ses yeux, la « monarchie parlementaire est totalement inadaptée au royaume chérifien ».

En répondant aux questions, en arabe et en français, il a insisté sur l’éradication de la corruption qui passe par « la désignation aux postes de responsabilités d’hommes et de femmes compétents et intègres ». Il s’est déclaré disposé à venir à d’autres réunions pour en dire plus sur son programme. Interpellé sur « Touche pas à mon enfant », il a assuré qu’il ne nourrissait pas la moindre hostilité à l’endroit de cette association qui combat la pédophilie et qu’il ne demandait qu’à collaborer avec elle.

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Agréable surprise

Un moment fort de la rencontre a été la discussion autour de la question de l’héritage. Peut-on modifier la disposition coranique qui accorde à la femme la moitié de ce qu’elle accorde à l’homme ? « Moi, je serai honnête avec vous, ne comptez pas sur moi pour toucher le Coran ! » Il a été applaudi. « Lui, au moins ne raconte pas d’histoire », a commenté une avocate.

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L’assemblée comptait une trentaine de femmes et une poignée d’hommes. Bien qu’il passe souvent à la télévision, on découvrait Abdelilah Benkirane avec une agréable surprise.

En pénétrant dans le vaste salon, devant la table chargée de plateaux de douceurs accompagnant le thé, le leader islamiste avait lancé admiratif : « Mais c’est un mariage ! » À l’issue de la rencontre, la plupart des présentes étaient visiblement sous le charme. Tout au plus pourrait-on parler de « mariage de convenance », qui ne dure qu’un temps. Mais il n’est pas admis par l’islam marocain.

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