Angola : la jeunesse défie le président Dos Santos

Depuis plusieurs mois, la jeunesse angolaise réclame des libertés et dénonce une misère indigne d’un État pétrolier. Bien que limitée, cette contestation place le régime du président Dos Santos sur la défensive.

Le président angolais Jose Eduardo Dos Santos, le 17 août 2011 à Luanda. © AFP

Le président angolais Jose Eduardo Dos Santos, le 17 août 2011 à Luanda. © AFP

Publié le 28 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Au pouvoir depuis 32 ans, le président « camarade » Dos Santos n’a pas grand-chose à craindre de ses détracteurs en Angola. Ultra-majoritaire au Parlement depuis 2008, aux commandes du secteur pétrolier avec son parti le MPLA, son hégémonie est presque totale. Face à lui, les chances du principal parti d’opposition semblent bien maigres. Minée par les dissensions internes, l’Unita ne paraît pas en mesure de gagner la prochaine présidentielle en 2012.

Pourtant, depuis début mars, le gouvernement réprime durement les petits groupes de jeunes qui font circuler des appels « à marcher dans tout le pays pour exiger le départ de "Zedu" (surnom du président), de ses ministres et de ses compagnons corrompus ».

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« Clairement, le printemps arabe et le fait d’être à la présidence depuis 32 ans sont des facteurs qui le place sur la défensive. Ces derniers mois, depuis les événements d’Égypte, le gouvernement sur réagit », observe depuis Londres Alex Vines, de l’institut pour les relations internationales Chatham House.

Le 7 mars, un premier rassemblement a été empêché par une quinzaine d’arrestations, parmi lesquelles celles de plusieurs journalistes. En mai, des manifestations d’une dizaine de jeunes ont connu le même sort, sans pour autant décourager un phénomène relativement neuf dans un pays marqué par 27 ans de guerre civile.

Une jeunesse déterminée

« La nouvelle génération n’a pas peur du gouvernement », affirme Jang Nomada, un rappeur de 29 ans qui participe à l’organisation des marches.

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Impossible de ne pas faire le rapprochement entre les manifestants angolais et les jeunes Tunisiens ou Égyptiens qui ont renversé les présidents Ben Ali  et Moubarak. Ils sont jeunes, utilisent Facebook, ne se réclament d’aucun parti politique et se font appeler Mouvement révolutionnaire d’intervention sociale.

Hors de Luanda, seuls 3% de la population accède à l’internet. Mais dans la capitale, où se concentre un tiers des Angolais, environ 2,5 millions de jeunes en sont des utilisateurs réguliers.

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« Le gouvernement réagit comme ça parce qu’il n’est pas habitué à voir des jeunes déterminés à protester. C’est un système dictatorial dans lequel toute personne qui descend dans la rue est confronté à la répression », ajoute Jang.

Un coût de la vie exorbitant à Luanda

Intimidation, menaces de mort, offres de voitures et d’argent pour rentrer dans le rang : le pouvoir fait tout pour endiguer la contestation. Malgré ça, ils étaient 300, place de l’Indépendance, le 3 septembre pour dénoncer la corruption, le manque d’eau et d’électricité. Des heurts avec la police ont eu lieu et 17 manifestants ont été condamnés à des peines de 30 à 45 jours de prison ferme et à des amendes.

Deuxième producteur de pétrole d’Afrique, l’Angola connaît une croissance moyenne de 12,5 % depuis 2002. Mais le coût de la vie est exorbitant à Luanda et les nouveaux quartiers sont uniquement accessibles aux riches.

« A cause de l’histoire de la guerre, le système politique survit par la violence, utilisant l’armée, la police et les services de sécurité », explique Elias Isaac, responsable Angola à la Fondation Soros pour une société ouverte.

Pour les analystes, le mouvement des jeunes ne constitue pas une menace sérieuse. « Ce qui est important, souligne Rafael Marques, un vétéran des campagnes anti-corruption, ce n’est pas le nombre de protestataires mais la manière dont le gouvernement réagit : il a peur des gens ».

(Avec AFP)

 

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