Maroc : la Marrakech Art Fair monte en puissance
La 2e édition de la Marrakech Art Fair, qui s’ouvre le 30 septembre, reçoit 48 galeries marocaines et internationales ainsi que de nombreux artistes et collectionneurs venus du monde entier. Objectif avoué de l’événement : faire rayonner le Maroc à l’international. Une renommée amplifiée par la polémique autour de l’œuvre du franco-marocain Mehdi Lahlou.
Du 30 septembre au 3 octobre, Marrakech accueille la 2e édition de sa foire internationale d’art moderne et contemporain. Le palace Es Saadi accueille des œuvres de près de 800 artistes exposées dans 48 galeries représentant 11 pays. Parmi ces dernières, une vingtaine participent pour la première fois à l’événement, dont sept viennent d’Istanbul. Zineb Daoudi, directrice générale de la foire, explique : « Nous savons aujourd’hui que la Turquie [qui est l’invitée d’honneur cette année, NDLR], est un véritable vivier d’artistes dits émergents. Or la Marrakech Art Fair expose des œuvres d’artistes à la cote bien établie, tout en faisant la part belle aux nouveaux talents ».
Une œuvre controversée
Si la Marrakech Art Fair a été une vraie réussite l’année passée, des polémiques ont fait leur apparition à quelques jours de l’ouverture de l’édition 2011. L’artiste franco-marocain Mehdi Lahlou dont certaines œuvres sont exposées à Marrakech par la galerie Dix9, a été vivement critiqué par la plupart des journaux marocains. Ceux-ci lui reprochent de mettre en relation nudité corporelle et références religieuses dans son travail, en particulier avec l’une de ses œuvres, « Koranic Inlay », datant de 2010. Lahlou s’y affiche dénudé avec des versets coraniques projetés sur plusieurs parties de son corps, grâce à un jeu de lumière.
Le 15 septembre, le quotidien marocain indépendant Attajdid titrait : « Scandale à Marrakech : invitation d’un « artiste » qui utilise des versets coraniques dans des projets à caractère sexuel ». Installé en Belgique, Lahlou a pourtant confirmé qu’il ne participerait pas à la foire d’art contemporain de Marrakech, contrairement à ce qu’avait affirmé la presse marocaine, et indiqué sur son site officiel qu’il n’a « jamais voulu insulter les membres de la communauté musulmane ».
Les organisateurs de l’évènement ont fait part de leur étonnement, soulignant qu’il n’avait jamais été question d’exposer l’œuvre polémique de Mehdi Lahlou. Mustapha El Khalfi, directeur de publication d’Attajdid et membre du Parti de la justice et du développement (PJD), n’a pourtant pas hésité à blâmer les ministères de la Culture et du Tourisme. « Ces derniers doivent prendre leur part de responsabilité car faire la promotion d’une personne qui insulte l’islam est inadmissible », a-t-il déclaré. M.V.
C’est aussi l’occasion de mettre le royaume sous le feu des projecteurs. « L’ambition de l’édition 2011 est de placer le Maroc sur la carte internationale de l’art contemporain », indique Hicham Douadi, président d’Art Holding Morocco et fondateur de la foire. À ce titre, deux galeries majeures de la scène new-yorkaise seront présentes : Metro Pictures et Edwynn Houk Gallery. Mais bien d’autres noms célèbres participent à l’événement, comme Galleria Continua, qui est basée en Italie (San Gimignano), en Chine (Pékin) et en France (Le Moulin).
Après le Maroc, la France sera d’ailleurs le pays le plus représenté. Quatorze galeries parisiennes ont fait le déplacement, parmi lesquelles la Galerie Jean Brolly, Albert Benamou, Dix9, Jean Fournier, Lelong, Besseiche Lartigue… Enfin, d’autres galeries venues de Dubaï, d’Égypte, d’Arabie Saoudite et même de Russie contribuent à donner une dimension internationale à l’évènement.
La Marrakech Art Fair suscite aussi de nombreuses « vocations ». À quelques mètres du palace Es Saadi (photo ci-contre), le Sofitel présentera ainsi une série de photographies intitulée « Fashion stills, si la mode m’était contée » et réalisée par la parisienne Polka Galerie. Côté médina, comme lors de la première édition, l’ancienne et mythique Banque El Maghreb, sur la Place Jemaa El Fna, se métamorphose en salle d’exposition pour accueillir « Images affranchies », un ensemble de photographies et de vidéos d’artistes contemporains du monde arabe.
L’art vidéo est particulièrement l’honneur cette année, avec la présentation pendant la foire de deux long-métrages du réalisateur marocain Nabil Ayouch (nominé aux Oscars) et d’une série de vidéos réalisées par de jeunes artistes marocains qu’il a produits depuis 2002, tels Wahid El Moutanna ou encore Hicham Jebbari. Une autre nouveauté est la création du prix Essâadi pour l’art contemporain, une initiative d’Elisabeth Bauchet-Bouhlal, propriétaire du Palace Es Saadi, et de son mari Jamil Bouhlal afin de promouvoir une nouvelle génération d’artistes. Le lauréat de la récompense recevra 15 000 euros pour produire une œuvre originale qui sera exposée lors de l’édition 2012.
Cliquer ici pour se rendre sur le site de la Marrakech Art Fair :
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