Guinée : les autorités répriment les manifestations à Conakry

Mardi matin, les forces de l’ordre ont violemment réprimé les manifestants descendus dans les rues de Conakry. La foule a été dispersée par les gaz lacrymogènes et des affrontements entre policiers et contestataires ont fait au moins deux morts et plusieurs blessés.

Des forces de l’ordre dispersent une manifestation, le 15 novembre 2010 à Conakry. © AFP

Des forces de l’ordre dispersent une manifestation, le 15 novembre 2010 à Conakry. © AFP

Publié le 27 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour à 8h12, le 28 septembre.

« C’est chaud, je viens de voir deux personnes blessées se faire évacuer par ambulance. Elles ont été touchées par des balles ». Joint par téléphone entre deux échauffourées, Oury Barry tente de décrire la situation chaotique autour de lui. Comme des milliers de Guinéens, il a bravé l’interdiction de manifester émise par le gouverneur de Conakry et est descendu dans la rue à l’appel du collectif d’opposition.

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Hier soir, une rencontre entre le premier ministre Mohamed Saïd Fofana et des représentants de l’opposition s’était soldée par un échec, entraînant les opposants à maintenir leur rassemblement du lendemain à Conakry.

Dès les premières heures de la matinée, les rues de la capitale guinéenne étaient massivement investies par les forces de l’ordre. Plusieurs dizaines de véhicules police et de gendarmerie bouclaient tous les accès au Stade du 28 septembre, point de rassemblement prévu par les opposants. « Les gens sont descendus dans la rue petit à petit pour se rendre vers le stade, raconte Oury. Les policiers leur ont arraché leurs pancartes et ont ensuite tiré des gaz lacrymogènes pour nous disperser ». 

Matraques, gaz lacrymogènes et tirs à balles réelles

Plusieurs affrontements violents ont eu lieu dans différents endroits de la capitale. Des manifestants ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre. Celles-ci ont répliqué à coups de matraques et de gaz lacrymogène. Elles ont également tiré sur la foule à balles réelles. Bilan : au moins huit personnes blessées et un homme de 35 ans tué dans le quartier de Bambeto.

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Un manifestant dont l’identité n’a pas été dévoilée a « été frappé et poignardé par des policiers » dans le quartier de Dar Es Salaam, un fief de l’opposition, ont affirmé les parents de la victime à une source hospitalière, selon l’AFP. Sous couvert de l’anonymat, un médecin a affirmé avoir vu à la morgue de l’hôpital principal de Conakry « quatre corps » ainsi qu’une « trentaine de blessés », civils et membres des forces de l’ordre (gendarmes et policiers).

Le gouvernement "responsable"

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Le chef de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, a rendu « entièrement responsable le gouvernement pour tout ce qui est arrivé. (…) Nous ne manifestons pas contre telle ou telle personne », mais « contre les pratiques du gouvernement en particulier, contre l’exclusion, la non-association des autres partis à la définition des modalités et du calendrier des élections législatives », a-t-il affirmé à la presse.

Dans l’entourage présidentiel, on refuse de confirmer l’utilisation d’armes à feu. « Nous attendons le bilan des services hospitaliers de Conakry, déclare Kiridi Bangoura,  chef de cabinet du président Alpha Condé. Toute manifestation non-autorisée comporte des risques, mais s’il y a eu un mort ou des blessés, c’est déjà trop ».

Emmenée par Cellou Dalein Diallo, l’opposition guinéenne dénonce depuis plusieurs mois le processus électoral mis en place par le pouvoir d’Alpha Condé. Les opposants condamnent la manière « unilatérale » avec laquelle la date du 29 décembre a été fixée par le gouvernement pour les élections législatives et réclament une « restructuration » de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), jugée trop proche du pouvoir.

 
 

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