Maroc – WikiLeaks : comment les Américains voient l’affaire Aminatou Haidar (#1)
Dans le câble de la diplomatie américaine daté du 17 novembre 2009 et révélé par WikiLeaks (09RABAT915), le chef de mission adjoint à Rabat Robert P. Jackson explique à sa hiérarchie l’affaire Aminatou Haidar. Traduction des principaux extraits.
(…) 2) Le 13 novembre, Aminatou Haidar, militante sahraoui pour les droits de l’homme et l’indépendance, est rentrée au Maroc après une tournée internationale de plusieurs semaines au Nigeria, aux États-Unis, en Belgique et en Espagne. Pendant qu’elle était à l’étranger, elle a organisé des rencontres avec des ONG importantes et reconnues dans tous les pays et a accepté plusieurs prix, notamment le Prix du courage civique de la Train Foundation aux États-Unis. À son arrivée très remarquée après un séjour aux îles Canaries, Haidar a refusé de montrer son passeport marocain aux agents de l’immigration à l’aéroport international de Laayoune, en assurant qu’elle remplirait les formulaires de l’immigration seulement s’ils la laissaient déclarer sa nationalité « sahraouie ». Les agents l’ont alors enregistrée comme « secondaire », puis le responsable de l’immigration à l’aéroport lui a demandé de présenter son passeport marocain et d’entrer tranquillement dans le pays. Elle a, à nouveau, refusé et a annoncé son intention de renoncer à sa citoyenneté marocaine.
3) Les agents marocains de l’immigration ont appelé le ministre de la Justice qui a expliqué à Haidar les répercussions d’une telle décision. Elle a aussi rencontré séparément à l’aéroport plusieurs membres de sa famille et le chef de son clan, tous la pressant de revenir sur sa décision. Malgré leurs efforts, Haidar a voulu signer un document où elle renonçait formellement à sa citoyenneté. Ce qu’elle a fait en présence du ministre et des membres de sa famille. Puis, selon la presse, elle a remis son passeport aux autorités judicaires. Face à ce refus d’entrer dans le pays, les agents de l’immigration lui ont laissé le choix de retourner à son lieu de départ, ce qu’elle a accepté. Haidar a embarqué sur le vol suivant pour les îles Canaries, au matin du 14 novembre.
4) Les agents du gouvernement à Laayoune et Rabat s’attendaient à ce que Haidar participe à des coups de publicité dès son retour mais pas à ce qu’elle renonce à sa citoyenneté. D’après le chef de cabinet de la préfecture de Laayoune, les responsables du ministère de l’Intérieur de Laayoune ont donné aux autorités de l’immigration à l’aéroport des instructions spécifiques pour faciliter l’entrée d’Haidar dans le pays et faire leur possible pour minimiser la publicité autour de son retour. Le gouvernement marocain était parfaitement au courant qu’elle voyagerait en compagnie de journalistes espagnols et marocains. Le Collectif de défense sahraoui des droits de l’homme (Codesa) – l’ONG marocaine dont Haidar était à la tête – avait transmis des communiqués de presse informant de la date et de l’heure de son arrivée. Cependant, le chef de cabinet a expliqué que les agents d’immigration ne s’étaient pas préparés à ce qu’Haidar – qui avait trouvé un emploi dans la fonction publique marocaine et dont la famille est marocaine – prenne la décision de renoncer à sa citoyenneté.
5) Le Codesa et d’autres ONG ont rapidement diffusé des communiqués de presse dénonçant l’évènement et accusant le gouvernement marocain d’avoir arrêté, détenu et même « enlevé » Haidar. Ce n’était pas le cas. (…)
Retrouvez le câble original en anglais ici.
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