Zambie : Michael Sata, le « Roi Cobra » devenu président
Vieux routier de la politique zambienne, surnommé le « roi Cobra » pour son parler mordant qui séduit les laissés-pour-compte du boom minier, Michael Sata a remporté l’élection présidentielle en Zambie.
Tenace, charismatique, controversé : voilà trois adjectifs qui caractérisent bien Michael Sata, le nouveau président zambien. Après trois tentatives ratées, le « Roi Cobra » quitte enfin son costume d’opposant pour celui de futur Président de la République.
Le chef du Front Patriotique (PF), seul opposant de taille face au président sortant Rupiah Banda, a en partie gagné grâce à l’arrêt de ses diatribes anti-chinois durant la campagne. Il a même assuré qu’il travaillerait avec eux s’il était élu. Très présents en Zambie, notamment dans les mines de cuivre, les Chinois ont pourtant longtemps eu droit au venin du « Roi Cobra ».
L’année dernière encore, il avait haussé le ton après des incidents dans une mine de Sinazongwe (sud) dont les deux patrons chinois ont été accusés d’avoir tiré sur des ouvriers protestant contre leurs conditions de travail. Onze avaient été blessés. « Un Zambien pourrait-il tirer sur un Chinois en Chine et être laissé en liberté ? C’est ce que nous laissons faire en Zambie », avait-il protesté.
Il avait ensuite changé de cible et s’en était pris au laxisme présidentiel en matière de corruption. « Banda est l’ami des voleurs et les voleurs sont en liberté. Ils sont plus indépendants que vous », a-t-il affirmé à la population lors d’un récent meeting.
L‘Arche du "cobra"
Durant la campagne, Michael Sata a lancé son slogan « Don’t Kubeba » qui signifie « ne dîtes rien », encourageant les électeurs à accepter l’électricité gratuite et les autres petits cadeaux de campagne du président, et leur demandant ensuite… de voter pour lui le jour du scrutin. Il a assuré, comme durant la campagne de 2008, qu’il transformera le pays en 90 jours. « Moins d’impôts et plus d’argent dans vos poches », répétait-on dans ses meetings où affluaient des Zambiens défavorisés qui voient en lui un possible sauveur. Pour rappel, plus de la moitié de la population a moins de 20 ans et vit avec moins de deux dollars par jour.
Comme en 2008, le symbole du « Roi Cobra » est une Arche de Noé. Pendant la campagne, il a paradé dans les rues, juché sur un hors-bord tiré par une remorque, sur lequel les Zambiens étaient invités à se réfugier pour échapper à la pauvreté et au sous-développement.
Agé de 74 ans comme le président-candidat sortant Rupiah Banda et ancien gros fumeur, M. Sata a survécu à une attaque cardiaque. Lors des élections en 2008, il avait alarmé les milieux d’affaires et investisseurs en promettant l’adoption d’un loi faisant passer 25% du capital des entreprises étrangères aux mains des Zambiens de souche. Une idée rappelant la politique d’indigénisation menée au Zimbabwe voisin par le président Robert Mugabe dont M. Sata est un admirateur.
Un opposant tenace
Né en 1937, M. Sata entre en politique dans les années 1970 et fait carrière jusqu’à devenir gouverneur de Lusaka en 1985. Proche de l’ancien président Kenneth Kaunda, il s’en détache pour rallier le Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD) lors des premières élections multipartites en 1991.
Il occupe alors plusieurs postes ministériels avant de devenir ministre sans portefeuille, numéro trois du gouvernement. En 2001, juste avant les élections, il quitte le MMD pour fonder son propre parti et se présenter aux élections, où il n’enregistre qu’un score médiocre contre Levy Mwanawasa.
Cinq ans plus tard, en 2006, il retrouve son adversaire mais perd de nouveau. Il dénonce des élections truquées. S’ensuivent plusieurs jours d’émeutes entre ses partisans et les forces de l’ordre au cœur de la capitale. En 2008, après la mort brutale du président Mwanawasa, il est de nouveau vaincu de peu par Rupiah Banda. La quatrième tentative sera finalement la bonne pour Michael Sata.
(Avec AFP)
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