Abdoulaye et Karim Wade vont porter plainte contre Bourgi en France et au Sénégal

Abdoulaye Wade a confirmé à son entourage son intention de porter plainte à Paris et Dakar contre Robert Bourgi pour diffamation, après que celui-ci l’a mis en cause dans des financements occultes de personnalités politiques françaises. Si elle se traduit dans les faits, la procédure lancée par le président sénégalais devrait rejoindre en France celles de son fils Karim, mais aussi de Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Jean-Marie Le Pen.

Le président sénégalais Abdoulaye Wade, le 14 septembre 2011 à l’Unesco, à Paris. © AFP

Le président sénégalais Abdoulaye Wade, le 14 septembre 2011 à l’Unesco, à Paris. © AFP

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Publié le 20 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Affaire Bourgi : tempête sur la Françafrique
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Affaire Bourgi : tempête sur la Françafrique

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Selon une source proche de la présidence interrogée par l’AFP, le président du Sénégal  Abdoulaye Wade a confié son intention de porter plainte, comme son fils Karim, contre Robert Bourgi pour diffamation. Ce dernier les avaient accusés d’avoir versé par son intermédiaire – à l’instar d’autres personnalités et chefs d’État africains – des sommes d’argent liquide à plusieurs hommes politiques français, dont l’ex-président Jacques Chirac, son ancien Premier ministre Dominique de Villepin et l’ex-dirigeant d’extrême droite Jean-Marie Le Pen.

La plainte du chef de l’État sénégalais sera déposée « cette semaine à Paris et Dakar », selon la même source. Bourgi risque-t-il une condamnation, lui qui affirme n’avoir « gardé aucune preuve, aucune trace » de ses allégations ? Cette semaine dans Jeune Afrique (n° 2645), l’avocat franco-libanais se fait menaçant et explique qu’il n’a pas « révélé le dixième » de ce qu’il sait. Quelles cartes celui qui se voit comme l’héritier de Foccart et des réseaux de la Françafrique garde-t-il encore dans sa manche ? La procédure contre lui ira-t-elle jusqu’au bout ? Le feuilleton risque de durer.

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"Assister au spectacle"

Mais une chose est sûre : alors qu’il compte désormais aller « se retirer en Corse, dans le village de [sa] femme, et assister au spectacle » (sic !) Bourgi s’est fait beaucoup d’ennemis. Il a d’abord accusé Wade d’avoir financé le clan Chirac à hauteur d’un million de dollars, ce qu’avait alors catégoriquement démenti le porte-parole de la présidence sénégalaise. Puis, dans un entretien accordé au quotidien sénégalais L’Observateur, il avait ensuite accusé Karim Wade, ministre d’État chargé de plusieurs portefeuilles, d’avoir remis la même somme à Dominique de Villepin alors secrétaire général de la présidence française.

Karim Wade avait dénoncé dans un communiqué des « affirmations hallucinantes, sorties » de la « seule imagination » de Bourgi. Mais les présidents en exercice du Congo (Denis Sassou Nguesso), du Burkina Faso (Blaise Compaoré), ainsi que les anciens chefs d’Etat du Gabon (Omar Bongo Ondimba) et de Côte d’Ivoire (Laurent Gbagbo) sont également mis en cause par le porteur de valise « repenti », selon ses propres termes.

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Pour l’heure, les plaintes contre Robert Bourgi se concentrent au Sénégal et en France. Jacques Chirac, Dominique de Villepin, ainsi que Jean-Marie Le Pen, également accusés d’avoir touché de l’argent occulte de présidents africains, ont déclaré leur intention de porter plainte. Le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire pour entendre Bourgi.

(Avec AFP)

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Lire aussi l’article de François Soudan : "Françafrique, les dessous d’un grand déballage" dans Jeune Afrique n° 2645, en kiosques du 18 au 24 septembre 2011.

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