Libye : les révolutionnaires entrent à Syrte pendant la visite Sarkozy-Cameron
Alors que Nicolas Sarkozy et David Cameron étaient accueillis en héros à Tripoli et Benghazi, les combattants du CNT entraient dans la ville de Syrte jusqu’en plein centre-ville. L’Otan devrait continuer ses opérations jusqu’à la capture de Mouammar Kadhafi, dont la traque se poursuit.
mis à jour à 10h05
Le soir même de la visite en Libye des dirigeants français et britannique Nicolas Sarkozy et David Cameron, les forces armées du Conseil national de transition (CNT) de Misrata, la grande ville rebelle du nord-ouest, ont indiqué être entrées dans Syrte, un des derniers bastions pro-Kadhafi situé à 360 kilomètres à l’est de Tripoli. « Nos révolutionnaires sont entrés dans la ville aujourd’hui [jeudi, NDLR] par trois axes principaux », affirme un communiqué du CNT.
Vendredi 16 septembre, les forces du CNT ont affirmé avoir essuyé de lourdes pertes dans la bataille pour le contrôle de la ville qui résistait encore et toujours aux révolutionnaires libyens. Le dernier bilan fait état de 11 morts et 34 blessés.
« Il y a encore de la résistance mais nos combattants pourront la surmonter », a déclaré de son côté Fathi Bachaga, un porte-parole militaire. Un peu plus tard, le Conseil militaire du CNT affirmait que ses combattants « avaient atteint le centre-ville de Syrte (…), contrôlaient désormais les entrées à la ville et commençaient à passer au peigne fin » le secteur pour débusquer les pro-Kadhafi.
Au sud de la ville, une base aéroportuaire était également encerclée par les forces pro-CNT mais n’étaient pas encore prise, selon Fathi Bachaga. Jeudi matin, les combattants anti-Kadhafi étaient partis de Misrata en un convoi de 900 véhicules, dont de nombreux pick-up surmontés d’armes lourdes; pour monter sur trois fronts distincts à Syrte. La veille, des frappes de l’Otan, avaient touché au moins huit cibles dans la région.
Le dispositif de Kadhafi "opérationnel à 15 %"
Dans un message diffusé mercredi soir, juste avant la visite de Sarkozy et Cameron, le colonel Mouammar Kadhafi avait accusé l’Otan de « terrorisme et de destructions indescriptibles à Syrte », selon la chaîne Arraï basée en Syrie. Selon le général Vincent Tesnière, adjoint du commandant en chef de l’état-major multinational air de l’Otan, environ 15% du dispositif des pro-Kadhafi reste opérationnel, a-t-il estimé, précisant que l’essentiel de ces forces est concentré sur une zone allant de Tripoli à Sebha (à 400 km au sud) et jusqu’au port de Syrte.
Á Tripoli, Sarkozy a affirmé que Mouammar Kadhafi était encore « un danger » et qu’il y avait donc « un travail à terminer ». Cameron a lui promis d’aider à la « traque ». « Nous devons poursuivre la mission de l’Otan jusqu’à ce que tous les civils soient protégés et jusqu’à ce que notre travail soit terminé », a insisité David Cameron, ajoutant : « Nous vous aiderons à trouver Kadhafi et à le présenter devant la justice ». En clair : l’Otan devrait poursuivre sa mission tant que des régions libyennes, notamment Syrte et plusieurs oasis du Sahara, resteraient sous contrôle des pro-Kadhafi. « Ceux qui pensent encore que Kadhafi a encore une place au gouvernement ou dans le pays doivent se défaire de cette idée. Il n’en a aucune. Il est temps pour lui de se rendre », a-t-il encore lancé.
Sarkozy a également demandé qu’il n’y ait ni « vengeance » ni « règlements de comptes » en Libye. « Nous avons dit également au CNT que c’est aux Libyens de construire l’avenir, ce n’est pas à nous », a-t-il souligné. Avant de se rendre à Benghazi, Sarkozy et Cameron ont visité pendant une heure un hôpital de la capitale où ils ont été accueillis dans la liesse et ont parlé avec des blessés.
"One, two, three, viva Sarkozy"
Les slogans enthousiastes du type « One, two, three, viva Sarkozy » fusaient. À la question de savoir si cela lui faisait plaisir, le président français a répondu: « ce n’est pas une question de plaisir, c’est extrêmement émouvant de voir les jeunes Arabes se tourner vers deux grands pays d’Occident pour leur dire merci. Ce qui prouve que l’affrontement entre l’Occident et l’Orient n’est pas du tout une fatalité ».
« Vous avez voulu la paix, vous avez voulu la liberté, vous voulez le progrès économique, la France, la Grande Bretagne et l’Europe seront aux côtés du peuple libyen », a affirmé Sarkozy en fin de journée à Benghazi, où il a pris un bain de foule sous haute sécurité avec son homologue britannique.
La visite des deux dirigeants a coïncide avec l’annonce du dégel de nombreux avoirs libyens. Selon un porte-parole de M. Cameron, la Grande-Bretagne devrait débloquer « environ 600 millions de livres (688 millions d’euros) d’avoirs libyens qui étaient gelés par les résolutions des Nations unies ». Quelque 12 milliards de livres (près de 14 milliards d’euros) en liquide et d’autres actifs (immobiliers, etc.) avaient été gelés au Royaume Uni en février à la suite de plusieurs résolutions.
Enfin, le chef de la diplomatie égyptienne Mohammed Kamel Amr s’est également entretenu jeudi avec des responsables du CNT lors d’une visite à Tripoli, la première d’un responsable arabe depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi. M. Amr a été chargé par l’armée au pouvoir en Égypte d’examiner des moyens de « poursuivre et de renforcer » les liens avec le CNT et proposer la coopération du Caire notamment dans les opérations de déminage des sites industriels et pétroliers.
(Avec AFP)
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