Mali : trafic de drogue et tensions communautaires
Règlements de compte dans le Sahel sur fond de narcotrafic. Régulièrement, des groupes de trafiquants de drogue maliens et sahraouis prennent en otage des membres de leurs communautés respectives comme garantie de leur transaction. Une pratique qui peut entraîner des représailles dramatiques.
La drogue, ça peut rapporter gros. En argent comme en ennuis, et les règlements de compte font parfois des dégâts collatéraux parmi les civils. Tombouctou, au nord du Mali, vient encore une fois d’en recevoir la preuve, quand un conflit entre trafiquants de drogue maliens et sahraouis a dégénéré.
Pour obliger les trafiquants sahraouis à rendre une cargaison de drogue estimée à plus d’une tonne, des Maliens ont pris en otage, quelque part entre Taoudenni et la ville Algérienne d’El-Khalil, « un élu et deux militaires sahraouis », précise une source à Bamako. « La prise d’otages entre gangs est une manière d’obtenir une garantie sur la transaction, car la manne financière est de taille », précise-t-il.
Agacés par cette situation qui s’est déjà produite plusieurs fois par le passé, certains chefs traditionnels de la communauté de Tombouctou se sont portés à la médiation. Le 10 septembre, une petite délégation a quitté discrètement une ville du Nord Mali, pour trouver un compromis entre les deux groupes. Mais avant que l’affaire ne soit réglée, un accrochage a eu lieu entre les deux groupes, sans qu’un bilan vérifiable ne soit disponible. « Mais après que cette affaire a été médiatisée, tous les otages ont été libérés, même ceux dont personne n’était au courant de la captivité », explique cette même source.
Chasse aux Sahraouis
« Rivaux entre eux, les gangs sahraouis entraînent les trafiquants du nord Mali dans leurs querelles internes », explique un notable du nord. Il y a six ans, des militaires sahraouis proches de trafiquants de drogue avaient capturé deux jeunes bérabiches (tribu arabe) de Tombouctou. Mécontente, une partie de leur communauté avait fait la chasse aux « sorciers » et aux commerçants sahraouis sur les routes des marchés de la région.
« Les Sahraouis qui vendaient de la farine ou du carburant et d’autres produits payés ensuite en bétail malien, lui-même revendu par la suite au Polisario, ont été chassés de la localité », raconte un commerçant malien de Tombouctou. Là aussi, les chefs des deux communautés ont dû se réunir pour trouver un compromis aboutissant à la libération des jeunes Maliens.
Les sommes en jeu sont si importantes que les histoires de ce genre se multiplient. « En plus, en comparaison de ce que gagnent les trafiquants, ceux qui font un commerce normal ont l’impression de ne plus rien gagner », témoigne un chef bérabiche de Tombouctou. Et ce n’est pas la moindre des inquiétudes : le narcotrafic tente de plus en plus de jeunes de la région.
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