Sénégal : « Il n’y a pas d’âge pour combattre », dit Abdoulaye Wade
Lors de la remise du prix Houphouët-Boigny, mercredi à Paris, le président sénégalais Abdoulaye Wade a lâché une petite phrase qui en dit long sur ses intentions politiques. À l’extérieur, des opposants ouest-africains manifestaient contre les réseaux de la Françafrique, à la lumière des récentes accusations de Robert Bourgi.
Affaire Bourgi : tempête sur la Françafrique
« Avec Abdoulaye Wade, c’est toujours folklorique », souffle une officielle ivoirienne à son voisin alors que le président sénégalais s’apprête à intervenir, en ce mercredi après midi, à la tribune de l’Unesco à Paris à l’occasion de la remise du Prix Félix Houphouët-Boigny. Dans la salle, griottes et partisans entonnent alors leur traditionnel « sopi, sopi » (« changement » en wolof) en faisant la claque, ce qui retarde d’une bonne minute le début de allocution du chef de l’État.
Dans un discours de bonne tenue, Wade honore la sagesse du président Félix Houphouët-Boigny, dont il se veut le disciple et qu’il compare au philosophe grec Socrate. Surtout, il lance une petite phrase qui ne manquera pas de faire couler de l’encre au Sénégal. Félicitant la présidente de l’ONG argentine « les Grands-mères de la place de Mai », Estela de Carlotto, attributaire du prix, Wade glisse perfidement : « Il n’y a pas d’âge pour combattre ! » suscitant sourires et rires dans l’assistance.
"Le roi est nu"
Un peu plus tôt dans l’après midi, une centaine d’opposants ouest-africains avaient manifesté devant le siège de l’Unesco contre la « corruption » de leurs gouvernements et la persistance des réseaux de la Françafrique. « Heureusement que des hommes comme Bourgi parlent. Le roi est nu aujourd’hui. Wade doit partir. Et emmener son fils Karim avec lui », a déclaré à l’AFP Cheikhna Camara, représentant du Parti socialiste sénégalais en France.
L’avocat Robert Bourgi, un conseiller de l’ombre de l’Elysée pour les affaires africaines, a brisé dimanche le silence entourant habituellement ses activités et évoqué des mallettes de billets provenant de chefs d’État africains et remises par son intermédiaire à Jacques Chirac. Il a notamment affirmé que pour la campagne électorale de l’ancien président français de Jacques Chirac en 2002, « cinq chefs d’État africains – Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et, bien sûr, Omar Bongo (Gabon) ont versé environ 10 millions de dollars ». En fin de journée,des partisans du chef de l’État étaient rassemblés en contre-manifestation devant le siège de l’Unesco avec des banderoles aux slogans « Wade pour l’avenir du Sénégal ».
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