Téléphonie mobile : la technophobie des dirigeants africains

L’engouement pour les messageries des téléphones mobiles de marque Blackberry est sans précédent en Afrique. Devenu l’un des moyens de communication préférés des Africains, le système fait pourtant débat et inquiète bon nombre de gouvernements africains , notamment en Afrique du Sud et au Zimbabwe.

Le messagerie BlackBerry Messenger est l’une des plus sécurisées du marché. © DR/blackberry.com

Le messagerie BlackBerry Messenger est l’une des plus sécurisées du marché. © DR/blackberry.com

Publié le 14 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Ces derniers mois, les téléphones mobiles Blackberry, et surtout leur système de messagerie produit par la firme canadienne Research in Motion (RIM), sont au centre des attentions. Dernière exemple en date, le gouvernement sud-africain, par la voix de Obed Bapela, vice-ministre des Télécommunications, a avoué, lundi 5 septembre, sa volonté de « passer en revue la messagerie du BlackBerry. »

Raison évoquée : l’utilisation grandissante, par les criminels, de ce système qui a l’avantage de proposer un modèle de cryptage ultra-performant dans les échanges de messages. « Il y a des faits prouvant que les malfaiteurs utilisent désormais la messagerie BlackBerry  pour organiser et commettre leurs crimes », explique ainsi le ministre, accentuant la pression pour que Blackberry livre ses précieuses clés de décryptage sans qui, à notre connaissance, nul n’a pour le moment accès aux messages échangés, en dehors du fabriquant canadien.

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L’exemple londonien

Et le gouvernement sud-africain n’est pas le premier à exprimer des revendications au sujet des Blackberry. Ainsi, à Londres, lors des émeutes du mois d’août, David Lammy, député de Tottenham, quartier nord de la capitale anglaise, avait demandé au gouvernement de suspendre temporairement le système messagerie : selon lui, les casseurs utilisaient ce mode de communication afin de se donner rendez-vous. La réaction des gouvernements se fait même parfois plus radicale.

Ainsi, alors qu’en mars 2011, la société Econet préparait le lancement des services BlackBerry sur son territoire, le gouvernement zimbabwéen avait subitement retiré son accord. Motif : il ne possédait pas les fameuses clés de cryptage permettant un « droit de regard » sur les communications échangées. Banni du territoire zimbabwéen, Blackberry est ainsi de fait considéré comme un élément de l’opposition au régime de Robert Mugabe. Une situation qui n’est pas sans rappeler la position de l’Ouganda à l’encontre d’un autre symbole des nouvelles technologies, le réseau social Twitter que l’État ougandais avait tenté, sans succès, de bannir de son territoire en avril après des manifestations anti-Museveni.

Un faux problème ?

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Les gouvernements, qu’ils soient gênés dans leur application du « surveiller et punir » ou qu’ils soient effrayés, à l’instar du Zimbabwe, par un nouvel outil aux mains de leurs adversaires, peinent donc encore à trouver une posture adéquate face à une technologie qu’ils ne contrôlent pas.

Mais, quelque soit le choix politique, celui de la négociation avec Blackberry pour l’obtention des clés de décryptage, ou celui du bannissement, une observation s’impose : si le système de communication, réseaux sociaux ou téléphonie mobile, est un outil potentiel de déstabilisation d’une société ou d’un régime, il n’en est nullement le cœur. Les racines des mouvements criminels ou politiques – la frontière, dans certains cas étant parfois bien mince – sont toutes autres. Et bien plus difficiles à atteindre.
 

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