Rwanda – France : dépasser les « différends passés », « construire l’avenir »
Le président rwandais Paul Kagamé, en visite historique à Paris, a rencontré hier son homologue français. Ils n’ont pas évoqué les relations passées douloureuses entre les deux pays, mais se sont concentrés sur « le futur », notamment la coopération économique.
La page des relations franco-rwandaises douloureuses serait-elle tournée ? Lors de la rencontre entre les présidents des deux pays, le « passé » n’a en tout cas pas été évoqué selon Paul Kagamé. Cette visite historique du président rwandais, arrivé en France depuis dimanche, avait comme objectif de promouvoir la « réconciliation ». Et celle-ci ne passera pas par une demande d’excuse de la France pour son rôle joué lors du génocide de 1994.
Seule perspective qui intéresse visiblement le pouvoir rwandais : « construire l’avenir ». « En venant ici, nous regardons vers l’avenir plutôt que vers le passé (…) Tous les sujets dont nous avons parlé ont été abordés dans le contexte de l’avenir », a asséné Paul Kagamé à l’issu de son déjeuner avec Nicolas Sarkozy lundi. « L’objectif est de trouver les moyens de dépasser nos différends passés et de voir comment aller de l’avant », a-t-il insisté, écartant les questions de la presse concernant l’histoire des relations entre les deux pays.
Et les relations futures entre les deux pays devraient être placées sous le signe d’une coopération économique. « J’ai plaidé (auprès de Nicolas Sarkozy) pour plus de commerce, plus de partenariat » a déclaré le président rwandais. Ce à quoi Nicolas Sarkozy a répondu plutôt favorablement, indiquant au Rwanda que l’Agence française de développement (AFD) s’apprêtait à faire passer ses engagements pour le pays, de 23,7 à 42,2 millions d’euros.
"Assassin"
Le Rwanda demande notamment un partenariat avec la France pour « la construction de barrages hydroélectriques, la géothermie, l’exploitation de gaz méthane, l’expansion du réseau électrique dans les villages », a expliqué François Kanimba, le ministre rwandais du Commerce et de l’Industrie.
Mardi, Paul Kagamé devrait par ailleurs rencontrer le patronat français, afin d’établir des partenariats avec les hommes et femmes d’affaires français. Dans un communiqué, Nicolas Sarkozy a par ailleurs salué cette rencontre, évoquant « une nouvelle étape dans le processus de normalisation entre les deux pays ». Le président français a également réaffirmé son attachement à « l’État de droit et à la coopération judiciaire entre la France et le Rwanda », selon l’Elysée.
Malgré ces avancées, la première visite du président rwandais depuis le génocide des Tutsi ne fait pas l’unanimité. Paul Kagamé a été interpellé par les ONG durant une conférence sur les droits de l’homme, qui demandait au président de répondre quant à l’emprisonnement des opposants politiques ou la fermeture des journaux. Quelques 200 personnes, des rwandais pour la plupart, ont par ailleurs défilé lundi en début d’après-midi à Paris contre Paul Kagame, le qualifiant d’ « assassin » et demandant la libération des « prisonniers politiques » au Rwanda.
De son côté, l’ex-ministre de la Défense Hervé Morin a regretté lundi que Paul Kagame n’ait pas fait sa « part du chemin » vers la réconciliation. « Recevoir M. Kagame n’était pas nécessaire », a-t-il fustigé.
(Avec AFP)
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